31 Oct Le temps du souvenir
Artiste totalement engagée dans la quête de la mémoire, FLORE réalise des images « non sensationnelles » qui tentent de recréer de la vérité à la place d’un réel qui s’efface peu à peu. Une rétrospective de son travail est visible actuellement à la Villa Tamaris, centre d’art de La Seyne-sur-Mer.
Il faut parfois savoir se perdre dans les œuvres d’un artiste pour comprendre son univers, son vécu, son parcours, et c’est exactement ce qu’une rétrospective permet de faire : s’abandonner dans l’immensité d’une production artistique étalée sur plusieurs dizaines d’années, voire une vie, afin de l’appréhender dans sa quasi-totalité… Voilà ce que propose la Villa Tamaris, avec la première rétrospective de l’artiste photographe franco-espagnole FLORE, présentant plus de 200 tirages au public, entre œuvres iconiques ou inédites, prêts, pièces uniques, et une série nouvellement réalisée dans la région pour l’occasion. On y découvre une artiste autant photographe qu’alchimiste, pour qui la chambre noire est une étape aussi importante que la prise de vue, permettant de produire de sublimes tirages restituant son monde intérieur par le prisme du médium papier. Un monde intérieur poétique, naviguant entre fictions et mythes familiaux, échappant à l’anecdote et à la temporalité.
L’artiste imprègne ses images de son vécu, de son enfance en Égypte, de ses souvenirs vécus et imaginés et se mêlant en une photographie créant une mythologie personnelle. Son travail intemporel inspiré de l’Égypte et du Maghreb l’est également des peintres orientalistes, signifiant son amour des contrées d’ombre et lumière qu’elle ne connait parfois qu’en rêve ou en littérature. De tout cela découle la production de séries photographiques au sein desquelles l’artiste explore autrement ses souvenirs et tente de faire parler les lieux traversés. Utilisant indifféremment un polaroïd ou un appareil argentique, FLORE s’attache à l’ensemble du processus, contrôlant de A à Z la production de ses images pour y imprimer ses émotions et en laisser une atmosphère émerger, se nourrissant du réel, mais abreuvant son corpus à l’imaginaire.
On retrouve donc, sur les trois étages de la Villa Tamaris, ses séries les plus connues, dont Lointains souvenirs et L’odeur de la nuit était celle du jasmin, ainsi que d’autres photographies. Signalons qu’un livre est publié pour l’occasion : FLORE, conversations avec Christian Caujolle, autorisant une plongée dans l’univers de l’artiste. Brian Agnès
Jusqu’au 7 jan 2024, Villa Tamaris, La Seyne-sur-Mer. Rens: villatamaris.fr
photo: L’odeur de la nuit était celle du jasmin, 2020 © FLORE