
31 Oct Pile et face
Complice du Concert de l’Hostel Dieu, on avait pu la croiser dans le Folia de Mourad Merzouki, ou encore l’an passé, avec l’Ensemble Baroque de Nice. Heather Newhouse revient accompagner la bande à Gilbert Bezzina, le 10 novembre prochain, dans un programme autour du Salve Regina de Pergolèse.
« Je suis venue étudier en Europe pour la diversité des choix qu’elle propose à des voix comme la mienne« , indique la soprano canadienne. « Mon timbre est fait pour l’intimité, la douceur, la tendresse. » Parfait pour le fameux Salve Regina, œuvre tragique de Giovanni Pergolèse, composée peu de temps avant son décès à l’âge de 27 ans. Génie du baroque italien, dont la musique emplit églises, palais et théâtres du Royaume napolitain au début du XVIIIe siècle, Pergolèse composera cette œuvre malgré la tuberculose qui le mine. Cela ne l’empêchera pas pourtant de livrer dans la foulée son chef-d’œuvre, le Stabat Mater. Deux pièces, empreintes de tristesse féminine, souvent mises en miroir : le Stabat Mater narrant une Vierge Marie tout en douleur au pied de la Croix, et à l’inverse, le Salve Regina la représentant dans sa majesté. L’être humain, ses passions et ses tourments, sont résolument au cœur des préoccupations des artistes baroques : la joie et la peine, la légèreté et la gravité, l’exubérance et le recueillement n’y sont pas antithétiques, mais représentent les deux faces d’une même pièce…
D’ailleurs, pour illustrer cette ambivalence artistique, l’Ensemble Baroque de Nice et Heather Newhouse s’attaqueront, au cours de la même soirée, à une pièce composée par un certain Johann Joseph Fux – lequel deviendra Empereur du Saint-Empire romain germanique, rien que ça… – puis à la cantate Trauer-Musik eines kunsterfahrenen Kanarien-Vogels de Georg Philipp Telemann, pleurant avec humour, mais non sans sincérité, la disparition… d’un canari !
10 nov 20h30, Église Saint-Martin – Saint-Augustin, Nice. Rens: ensemblebaroquedenice.com
photo : Heather Newhouse © Jean Combier