05 Déc Ah… l’amitié franco-allemande !
Si tel ne fut pas toujours le cas, l’amitié franco-allemande est aujourd’hui célébrée par le Festival de Musique de Toulon qui propose un concert, dans le cadre du 65e anniversaire du jumelage entre la cité varoise et Mannheim.
Stamitz, Tchaïkovski et Mozart seront à l’affiche du concert avec l’illustre clarinettiste Paul Meyer. Le musicien, né à Mulhouse en 1965, dirigera l’Orchestre de chambre du Palatinat, ou Kurpfälzisches Kammerorchester (KKO), qui depuis sa fondation en 1952, s’est particulièrement engagé dans la redécouverte et la diffusion du répertoire de l’École dite de Mannheim. C’est un successeur direct de la Mannheimer Hofkapelle, célèbre orchestre de la Cour de Mannheim, à l’époque du prince Karl Theodor, homme doté d’un esprit moderne et éclairé. Mais en 1778, avec l’installation du prince à Munich, cette période glorieuse de l’histoire de la musique prendra fin pour ensuite tomber lentement dans l’oubli… La musique instrumentale dite classique, telle que nous la connaissons aujourd’hui, serait pourtant inconcevable sans le travail de cet orchestre et de cette École.
Monique Dautemer, musicologue pour l’Opéra de Toulon et le Festival de Musique, nous livre son éclairage : «La Symphonie est née à Mannheim, au siècle des Lumières alors que la ville était la capitale d’un état puissant depuis Charlemagne : le Palatinat Rhénan, dont le Prince-électeur, dit «Palatin», était le seul à siéger au Palais du Saint-Empire Romain Germanique. On soignait alors la culture, et spécialement la musique qui étaient le signe du pouvoir politique». C’est à cette époque que l’on parle en Europe de l’École de Mannheim, qui recrute à prix d’or les meilleurs musiciens dans tout l’Empire et particulièrement ceux de Bohème. Un contemporain témoigne : «Alors que Naples se caractérisait par son faste, Berlin par l’exactitude critique des exécutions, Dresde par la grâce et Vienne par son sens du tragi-comique, Mannheim suscita l’admiration du Monde par sa diversité, de sorte qu’il n’y avait pas un endroit au Monde où l’on pouvait en peu de temps s’éduquer le goût avec autant de sûreté qu’à Mannheim.» Mozart a d’ailleurs pu y approfondir son « métier ».
Ainsi le public goûtera-t-il aux fastes d’une époque où les philosophes et musiciens faisaient régner en Allemagne une douceur de vivre, où fleurissait une vaste Culture grâce à ses esprits savants et éclairés. Qui pouvait alors pressentir les tempêtes et barbaries qui allaient tout emporter quelques siècles plus tard ? Mais ceci est une autre histoire…
11 déc 20h, Palais Neptune, Toulon. Rens : festivalmusiquetoulon
photo : Paul Meyer © Edith Held Vandoren