Un silence qui tue

Un silence qui tue

Quelques semaines après son passage à Anthéa, Sylvie Testud sera sur les planches du Théâtre Princesse Grace à Monaco, dans Tout le monde savait, récompensé du Molière du seul-en-scène en 2023.

C’est dans un décor gris que la comédienne française se présente sur scène. Vêtue d’une tenue simple, le visage défait, Sylvie Testud apparaît fragile et seule. Seule face au public, seule contre tous. Une solitude inspirée du vécu d’une femme dont la parole a été ignorée pendant les nombreuses années de violence qu’elle a subies.

En adaptant à la scène, l’ouvrage de la «victime», Valérie Bacot, écrit en collaboration avec Clémence de Blasi, Élodie Wallace a voulu mettre en avant le destin d’une femme passant de la résignation à la haine qui l’amènera à commettre l’irréparable. Une prise de parole poignante pour dénoncer un manque d’agissement, mais surtout faire valoir la voix d’une femme qui a vécu l’enfer : d’une enfance entre une mère alcoolique et un beau-père abusif, à une vie d’adulte sous le signe de la peur lorsque ce même beau-père devient finalement son mari. Ce dernier étant désigné dans la pièce comme « lui ». Une volonté de la metteuse en scène Anne Bouvier de ne pas personnifier cet homme auteur de monstruosités innommables.

La scénographie, imaginée par Jean-Michel Adam, provoque volontairement l’angoisse et une certaine anticipation du spectateur. L’actrice évolue sur scène dans un décor de forêt, entourée de sons diffus tels que «sa» voix, des respirations, le vent dans les feuilles. Une réminiscence de l’enfance avec une balançoire, dont l’insouciance est largement compensée par la métaphore des lourdes chaînes qui la retiennent. Quant à la présence d’ardoises tout autour de la scène, celles-ci sont utilisées par l’actrice pour écrire au fur et à mesure les noms des autres coupables, ceux qui savaient et qui n’ont jamais rien dit.

18 jan 20h, Théâtre Princesse Grace, Monaco. Rens : tpgmonaco.mc

photo : Tout le monde savait © DR