Va y avoir du sport !

Va y avoir du sport !

Eh oui, les Jeux Olympiques de Paris, c’est pour bientôt ! Alors en prélude à ce grand raout estival, l’Hôtel Départemental des Expositions du Var (HDE Var) retrace plus de 2000 ans d’histoire des pratiques sportives. Lancée en décembre, l’exposition Défis & sports, de l’Antiquité à la Renaissance est visible jusqu’au 24 mars.

Puisqu’on parle « défis », le Département du Var a relevé celui de rassembler plus de 160 œuvres et objets, prêtés par 56 musées et institutions de France et étrangers. Parmi eux, le Musée du Louvre, le Musée de l’Armée – Hôtel national des Invalides, le Museo nazionale Romano, ou encore le Musée national archéologique d’Athènes, qui a prêté six œuvres de sa collection. Car c’est dans l’Antiquité, en Grèce dans le Péloponèse, que l’histoire des jeux prend ses racines. Il y a environ 3000 ans.

Le sport dans le temps

Pour beaucoup, le sport serait véritablement né au 19e siècle. Pourtant, on trouve des traces de pratiques impliquant des notions liées au corps dès les civilisations sumériennes et égyptiennes. Bien avant encore, certaines peintures rupestres de la grotte de Lascaux, datant de plus de 15 000 ans, représenteraient des hommes s’adonnant à la lutte. Si l’exposition ne remonte pas aussi loin, elle privilégie toutefois « une approche du sport et de défis sportifs dans les sociétés anciennes sur un temps long« , indique l’un des deux commissaires de l’exposition, Jean-Paul Thuillier, spécialiste des civilisations antiques. « On aurait aussi aimé parler du sport chez les Mayas, mais c’était difficilement réalisable« , poursuit-il, « il fallait délimiter un périmètre, on s’est recentré sur l’Europe« . Au fil des salles de l’HDE Var, on suit donc un parcours débutant aux sources de l’olympisme, avant de s’intéresser logiquement aux civilisations romaines et étrusques, puis aux pratiques qui ont jalonné le Moyen-Âge et la Renaissance. « Nous cherchons quelque part à combler un vide. Il existe de nombreuses recherches sur l’histoire du sport sur la période très récente, XIXe et XXe siècles, mais quasiment rien sur les périodes plus anciennes« , explique le co-commissaire Sébastien Nadot, spécialiste de la période médiévale, pour qui l’objet de cette exposition est inédit.

Le sport dans les arts

De nombreux chefs-d’œuvre antiques sont liés au sport, qui jouait un rôle essentiel dans la société grecque. On pense à L’Illiade et L’Odyssée, pour ne citer qu’eux. « Le cas le plus typique est peut-être celui d’Ulysse qui est confronté à trois défis sportifs qui lui permettent de montrer sa supériorité au pugilat, au lancer du disque et au tir à l’arc« , souligne Jean-Paul Thuillier. C’est d’ailleurs par une immense peinture de Bernard Buffet, mettant en scène notre héros mythologique, que le visiteur est accueilli. Puis plus de 160 artefacts se succèdent au regard du visiteur : sculptures, tableaux, armures, bas-reliefs, manuscrits, amphores (les coureurs dessinés sur une amphore panathénaïque, prêtée par le Badisches Landesmuseum de Karlsruhe, ont notamment été utilisés pour le visuel de l’affiche)… On y croise quelques pièces majeures comme ces scènes mythologiques et scènes de combats gravées sur le Coffret de Cluny datant de l’époque byzantine, une majestueuse armure équestre de l’époque médiévale entièrement reconstituée, ou encore des copies du Discobole de Myron et de l’Aurige de Delphes, statues parmi les plus célèbres de la période antique. 

À ces œuvres millénaires, répondent ici ou là des originaux d’artistes contemporains, comme des photos de Mimmo Jodice prises au musée d’archéologie de Naples en 1986 (restaurée pour l’occasion par les services de l’HDE Var), ou des figures majeures de l’art moderne comme Antoine Bourdelle ou Edgar Degas. Un film documentaire d’Arte permet aussi de voir que nos sportifs grecs se livraient à leurs activités physiques entièrement nus ! Pour info, le terme de « gymnase » vient du grec ancien et signifie littéralement « qui s’est mis à nu pour la lutte »… Autre moment décalé, la mise en scène immersive et vidéoludique autour de manuscrits des chevaliers de la Table ronde avec, en son centre, une épée plantée évoquant celle du roi Arthur. « Une plongée dans l’univers de la série Kaamelott, en plus sérieux !« , sourit Sébastien Nadot.

Le sport dans la société

Au-delà d’une galerie de pièces illustrant l’histoire du sport, l’exposition explore et questionne les notions de performance, ainsi que les enjeux public, politique, financier et diplomatique. À titre d’exemple, « le sport romain, et je pense aux courses de char en particulier, peut être comparé au football d’aujourd’hui« , indique Jean-Paul Thuillier : stade immense de 150 000 places, transferts des cochers entre « factions », gros salaires, fans hardcore… « Les jeux du cirque étaient les prémices du sport business ! » 

Contrairement aux idées reçues, le sport n’a jamais cessé d’être, évoluant au gré des sociétés. On apprend que le sport féminin avait sa place dans l’Antiquité comme le montre une reproduction de la mosaïque de la Sala delle Dieci Ragazze à Casale (Sicile), ou encore que les chevaliers étaient un peu les sportifs du Moyen-Âge. Les tournois de l’époque représentaient d’ailleurs des temps diplomatiques importants. Pour l’anecdote, Sébastien Nadot nous raconta que lors du Camp du Drap d’Or, nom donné à une rencontre diplomatique devenue célèbre par sa démesure, ici illustrée par un vitrail prêté par Le Louvre, le roi François 1er défia et humilia Henri VIII d’Angleterre à la lutte. Ce dernier, vexé, s’associera par la suite à Charles Quint, rival et ennemi juré du monarque français… Preuve que les concours d’ego dans le sport ne datent pas d’hier !

Jusqu’au 24 mars, Hôtel départemental des Expositions du Var, Draguignan. Rens: hdevar.com

photos : Vues de l’exposition © Nicolas Lacroix, CD83

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