À l’ombre des lumières

À l’ombre des lumières

Le concert de mars de l’Ensemble Baroque de Nice illustre à merveille la thématique Lumière et Ombres de cette saison, avec cette belle idée de ramener à la lumière des compositeurs talentueux occultés par l’éclat de leurs contemporains. Vivaldi et Albinoni vous parlent certainement, Bonporti et Caldara sont à découvrir !

L’acte de créer est un mélange subtil d’imagination et d’influences. Tout aussi subtile est la frontière entre influence et copie. Une longue histoire ! Le compositeur et violoniste italien Bonporti exerça une influence particulièrement importante sur l’évolution musicale du XVIIe siècle. Il resta pourtant longtemps dans l’ombre malgré ses Invenzione, remarquables compositions polyphoniques libres de toute contrainte académique que JS Bach, le père de la musique, copia en omettant toutefois de mentionner le nom de l’auteur.

De Vivaldi, l’ensemble jouera deux des plus anciennes compositions connues. Il connut la gloire puis la désaffection en fin de vie avant d’être redécouvert un siècle et demi plus tard. Ainsi va la vie des étoiles… Glorifié en son temps, Caldera, autre vénitien, est de nos jours encore bien peu joué. Il fut néanmoins l’un des compositeurs les plus influents de son temps, modèle de Bach comme de Brahms. 

Enfin, saviez-vous que l’Adagio Albinoni, célébrissime œuvre du répertoire baroque, si souvent utilisée au cinéma fut en réalité composé dans les années 50 par le musicologue Remo Giazotto, en hommage au maître vénitien qu’il vénérait ? Composé à partir du fragment d’une œuvre pour violon écrite de la main même du maitre, que Giazotto aurait retrouvé dans les ruines de la bibliothèque de Dresde en 1945, cet adagio a déterminé la gloire d’Albinoni dont vous apprécierez, le 15 mars, deux œuvres bien identifiées, elles.

15 mars, Église Saint-Martin – Saint-Augustin, Nice. Rens: ensemblebaroquedenice.com

photo : Laura Corolla © Lionel Bouffier