
27 Fév Des vies immobiles
Avec Intimes intérieurs, la Villa Théo, centre d’art du Lavandou, explore le thème des Natures mortes, bouquets et autres vies silencieuses, un genre souvent mésestimé qui invite pourtant le visiteur à ralentir, à contempler et à apprécier les choses simples de la vie, offrant par la même occasion une pause salvatrice dans un monde trop agité, trop bruyant.
Diderot qualifiait plutôt cette pratique, remontant à l’Antiquité et qui connaîtra une période faste durant la Renaissance, de « Nature inanimée« . Plus élégant, c’est certain, et sans doute plus proche de la réalité puisqu’elle consiste en la représentation « d’objets du quotidien » qui ont à voir avec la notion de sens, de vie, voire de plaisir. D’ailleurs les Anglais l’appellent « Still lives » et les Allemands « Stillleben »… Quelles que soient leurs origines, les peintres n’ont cessé de revisiter ces « vies immobiles » au fil des siècles et continuent aujourd’hui encore. Et dès son apparition, la photographie s’emparera de ces « choses mortes et sans mouvement » qui ont une âme et une puissance évocatrice qui transcendent les époques, les styles et les médiums.
Que l’on donne à voir un arrangement de fruits frais, un bouquet de fleurs délicates, ou une table dressée avec soin, ces compositions offrent une méditation sur la nature profonde de la vie et de la mort. Les artistes déployant leur talent pour capturer la lumière, les textures et les détails avec précision, pour créer des œuvres « inertes » soit, mais qui cependant semblent vibrer… de vie. Les natures mortes ont évolué pour refléter les préoccupations artistiques et culturelles de chaque époque. Celles des impressionnistes, par exemple, se plaisaient à capturer la luminosité changeante de la lumière et l’atmosphère fugace de la vie quotidienne, tandis que celles des artistes contemporains, qui les réinterprètent avec des styles et des techniques innovantes, se tournent davantage vers des compositions minimalistes ou explorent des thèmes sensibles comme la surconsommation et l’environnement.
Bref, ces Intimes intérieurs renvoient à la finitude du genre humain, mêlent recherche esthétique, réflexion spirituelle ou morale, et témoignent de la virtuosité des artistes qui s’y essaient. Du figuratif jusqu’à l’abstraction, en passant par la photo. Aussi la Villa Théo réunit, jusqu’au 30 mars prochain, œuvres classiques et contemporaines, peintures et photographies, avec des créations de Jean Arène, Louis Bonamici, Eugène Baboulène, Bernard Buffet, Emmanuel-Charles Bénézit, Auguste Chabaud, Olivier Debré, Jean Dubrusk, Marcelo Fuentes, Frédéric Joncour, Françoise Nunez, Georges-Henri Pescadère, Serge Plagnol, Bernard Plossu, Valerio Polici, Isidore Rosenstock, Gaël Serre, Alexandre Troin et Suzanne Valadon.
Jusqu’au 30 mars, Villa Théo, Le Lavandou. Rens: villa-theo.fr
photo : Alexandre Troin, “Nature morte”, huile sur carton, 23 x 26,7 cm, collection particulière.