27 Fév Entrez dans L’ImpruDanse
L’an passé, on nous promettait une édition 2024 du festival L’ImpruDanse plus ambitieuse, plus dense, qui s’étalerait sur 3 semaines et sur différents lieux, avec un OFF et une autre façon d’envisager la relation artiste-public… Promesse tenue ! Rendez-vous du 23 mars au 13 avril à Draguignan, pour une 8e édition marquée par la danse au féminin.
C’est toujours sympa d’assister à une présentation concoctée par la show-woman Maria Claverie-Ricard, directrice de Théâtres en Dracénie. Mais cette fois-ci, souffrante, la maitresse des lieux a dû laisser son équipe gérer l’affaire. Bien accompagnée, il est vrai, par un certain Nacim Battou, chorégraphe et artiste associé à Théâtres en Dracénie depuis 3 ans. Tellement associé qu’il a en majeure partie assumé la charge de présenter le programme de ce 8e festival L’ImpruDanse. Une édition qui voit les choses en grand : 14 spectacles (dont certains gratuits), 6 lieux de la ville investit, 5 brunchs dansants, 3 projections documentaires au Musée des Beaux-Arts, 1 expo photo, et surtout, surtout, un festival OFF ! L’ensemble du projet pensé avec l’idée d’aborder autrement la relation entre les artistes et les spectateurs.
La danse à tous les étages
Et comment mieux rapprocher les gens que par un sens aiguisé de la fête ? Sur le modèle de ce que propose Théâtres en Dracénie, chaque année en lancement de saison, le festival aura lui aussi droit à sa journée d’ouverture gratuite, le 23 mars. Brunch, stands de maquillage, compétition autour du jeu vidéo Just Dance, atelier chorégraphique avec Nacim Battou, atelier Giga Barre avec la chorégraphe Émilie Lalande… et DJ night party en soirée (et chaque samedi de festival !). Des évènements répartis dans les différents espaces du théâtre, et même dans la rue, sur le Boulevard Clémenceau fermé pour l’occasion. L’idée étant de faire participer le maximum de personnes, habituées du lieu ou non. Un bon moyen pour se mettre dans l’ambiance, mais aussi découvrir en détail ce qui vous attend lors de ces trois semaines…
Comme cette idée géniale : le hall du théâtre devient Les coulisses, une sorte de Village du OFF. Un lieu où vous aurez tout loisir de vous asseoir pour contempler les photos de Jean-Claude Carbonne (également visibles à la Chapelle du Bon Pasteur), lire l’un des nombreux ouvrages sur l’univers de la danse mis à disposition, boire un verre au Café culturel, qui restera ouvert tous les jours, ou encore se faire une petite vidéo – en mode peep show – dans un cabinet de projection, avec des extraits de films et documentaires sur la danse. Véritable lieu de rencontre, il permettra aussi de profiter en weekend d’un brunch, en famille ou entre amis (seul, ça marche aussi), avec des danseurs et chorégraphes à l’affiche – comme Hamid Ben Mahi et Nacim Battou, le 6 avril. À l’étage, la grande scène accueillera la majorité des spectacles (avec le Pôle Culturel Chabran), tandis qu’au sous-sol, la petite salle Lily Pons hébergera l’exposition immersive En attendant L’aurore imaginée par… Nacim Battou.
Danseur, chorégraphe, et donc présentateur, animateur, et plasticien, notre homme est partout ! « C’est ma toute première exposition, une première tentative », indique-t-il avec beaucoup d’humilité. Cette installation numérique est une expérience onirique d’une quinzaine de minutes, « une digression de Notre dernière nuit pour rapprocher encore les œuvres du spectateur... » Ce spectacle, triptyque créé pour l’occasion et accessible gratuitement (réservation conseillée), se tiendra chaque samedi du festival, sur différents sites de la ville. « Je voulais rencontrer le public autrement« , précise Nacim Battou. Pensé en trois épisodes, le premier, intitulé L’effondrement, évoque l’idée du changement, du basculement. Sur une scène centrale, entourés par le public, les danseurs illustreront de leurs mouvements le début d’un voyage initiatique entre folie, grâce et désespoir. « Les deux autres épisodes seront moins sombres« , assure le chorégraphe avec humour.
La danse dans tous ses états
Deux autres chorégraphes associés sont aussi à l’affiche : Damien Droin avec son aérien Poids des nuages, présenté en extérieur au Parc Chabran, et Émilie Lalande, spécialiste du jeune public, qui « s’attaque » à Stravinsky dans Petrouchka ou le choix d’Holubichka, après s’être amusée avec Prokofiev, Mozart et Saint-Saëns. À ces trois-là, s’ajoutent bien sûr d’autres grands noms qui font la danse d’aujourd’hui, autour d’un fil rouge : la femme !
L’immense Carolyn Carlson proposera une réflexion sur une humanité à bout de souffle (The Tree), Marion Motin, qui a la particularité de travailler tout autant sur des créations de plateau que pour des stars du showbiz (la choré du Papaoutai de Stromae, c’est elle!), évoquera le dépassement de soi et le vivre-ensemble dans Le Grand Sot, tandis qu’Anne Nguyen, figure de la danse hip-hop au féminin, déroulera un hommage à une certaine idée de l’Amérique, celle des années 70, pleines d’espoir, et à la bande son indémodable (Underdogs).
Si elle n’est pas chorégraphe, la femme sera magnifiée sur scène… Par Angelin Preljocaj, qui alignera trois créations, en ouverture du festival : Noces et Annonciations autour des violences faites aux femmes, et Torpeur, présentée récemment au Montpellier Danse. Autre pilier de la danse française, Jean-Claude Gallotta, qui recrée régulièrement sa pièce fondatrice, Ulysse, proposera une création en écho à celle-ci : le sensuel ballet Pénélope. Dans un tout autre registre, Hamid Ben Mahi confiera les clés de son Royaume à six danseuses, aux parcours singulièrement différents, qui mêleront leurs voix et leurs corps dans une performance hip-hop en forme d’hymne à la vie, visant à questionner la sororité et les droits des femmes. Enfin, le danseur-chorégraphe Ousmane Sy, tragiquement disparu en 2020 après nous avoir légué sa dernière pièce, One Shot, sera symboliquement présent à travers les 13 danseuses de la Cie Paradox-Sal qui ont choisi de lui rendre hommage en allant au bout du processus de création… sur scène, face au public. Alors, prêt.e.s à entrer dans la danse ?!
23 mars au 13 avr, Théâtre de l’Esplanade & lieux divers, Draguignan. Rens: theatresendracenie.com
photo : Petrouchka ou le choix d’Holubichka, Émilie Lalande ©Anais Baseilhac