Rencontre au sommet

Rencontre au sommet

À la tête de l’Opéra de Monte-Carlo depuis janvier 2023, l’immense mezzo-soprano italienne Cecilia Bartoli convie le pianiste chinois Lang Lang pour un récital en duo, le 23 mars prochain.

Fille d’un ténor dramatique et d’une soprano lyrique, Cecilia Bartoli apprend le chant auprès de sa mère. À 8 ans, elle apparaît déjà sur scène à Rome, en pâtre dans Tosca de Puccini. Si la petite Cecilia se rêve au départ danseuse de flamenco, à 17 ans, elle fait son entrée au conservatoire, puis rapidement démarre sa carrière professionnelle, en 1987 aux Arènes de Vérone. Les prestigieux chefs Herbert von Karajan, Daniel Barenboim ou encore Nikolaus Harnoncourt ne s’y trompent pas en décidant de travailler avec la jeune artiste, qui enchaîne les rôles : Le Barbier de Séville de Rossini à Cologne, Les Noces de Figaro de Mozart à Zurich, Le Comte Ory de Rossini à La Scala… La mezzo-soprano chante même Cléopâtre dans Giulio Cesare de Haendel, un personnage traditionnellement dédié à des sopranos coloratures, qu’elle vient tout juste de réinterpréter, en janvier dernier à Monaco. Première femme à avoir chanté avec le chœur pontifical de la chapelle Sixtine, composé exclusivement d’hommes, au fil de sa carrière, Cecilia Bartoli s’illustre particulièrement dans le répertoire baroque puis sur celui du début XIXe siècle – époque du romantisme italien et du bel canto. Mais loin de se cantonner au chant, elle fait également un travail « d’archéologie musicale » en exhumant des œuvres oubliées, à l’image de Clari Jacques-Fromental Halévy, dont elle interprète le rôle-titre. 

En 2008, elle lance un projet rendant hommage à Maria Malibran. Un film-documentaire intitulé Maria permet de (re)découvrir celle qui fut l’une des premières et des plus grandes divas du début du XIXe siècle, et d’en apprendre un peu plus sur Cecilia Bartoli, dont les débuts sont similaires, avec des parents eux-mêmes artistes lyriques qui ont enseigné la pratique du chant à leur enfant. Cet hommage est aussi marqué par une journée marathon à Paris, ville natale de la Malibran, lors de laquelle la Bartoli avait donné trois concerts à la salle Pleyel, dont l’un en collaboration avec le pianiste chinois Lang Lang. rencontre fut un véritable coup de foudre artistique entre la mezzo-soprano et le pianiste qui partagent une même énergie, un même amour des nuances et de la recherche des couleurs dans la musique, mais aussi un même plaisir à rivaliser de virtuosité. « Elle m’a encouragé à utiliser mon 6e sens lorsque je joue, à chercher les dynamiques les plus douces et les nuances les plus fines dans les couleurs« , indique le pianiste superstar. Ces deux icônes contemporaines de la musique classique se retrouveront le 23 mars, lors d’un concert sur des airs de Rossini, Bellini ou encore Donizetti. « J’espère que notre récital sera une source d’inspiration pour le public. J’aimerais penser qu’il éveillera un sens supplémentaire : celui de la connaissance intime du son. Et qu’il procurera aux auditeurs des sensations qu’ils n’ont jamais ressenties auparavant…« 

23 mars, Opéra de Monte-Carlo, Monaco. Rens: opera.mc

photo : © Fabrice Demessence