Éternelles impressions fugaces

Éternelles impressions fugaces

Le Musée des Beaux-Arts de Draguignan accueille un prestigieux prêt du Musée d’Orsay, le tableau Étude. Torse, effet de soleil du peintre Auguste Renoir, à l’occasion des célébrations des 150 ans du mouvement impressionniste.

« Il y a beaucoup de choses à apprendre, ou plutôt à réapprendre au sujet de l’impressionnisme« , estime le conservateur du Musée des Beaux-Arts de Draguignan, Yohan Rimbaud, car « le regard évolue« . D’autant que ce terme a – comme beaucoup de notions en histoire de l’art – été inventé a posteriori, puisqu’il a été utilisé pour la première fois de manière délibérément péjorative par un critique d’art, Louis Leroy, à l’issue de la première exposition du genre, présentée le 15 avril 1874 à Paris. Terme que les artistes s’approprieront pour décrire un style qui cherche à capturer les impressions fugaces de la lumière et de la couleur, plutôt que de représenter des détails précis, et fera entrer l’art dans la modernité. Ce premier rendez-vous constituait aussi et surtout un acte d’indépendance pour la trentaine d’artistes qui s’étaient regroupés sous forme de société anonyme coopérative, l’idée étant pour eux de s’affranchir des règles en organisant leur propre exposition, en dehors des voies officielles. Parmi eux : Monet, Degas, Morisot, Pissarro, Sisley, Cézanne, et bien-sûr Renoir.

150 ans plus tard, le Musée d’Orsay, qui abrite la collection impressionniste la plus importante au Monde, rend hommage au mouvement avec l’exposition Paris 1874. Inventer l’impressionnisme, et en prêtant près de 180 œuvres à travers toute la France. Paul Perrin, directeur des collections de l’établissement parisien, sera d’ailleurs de passage, le 2 juin à Draguignan, pour animer la conférence Auguste Renoir et le portrait impressionniste

Car c’est bien sur la thématique du portrait que le musée de Draguignan a choisi de mettre l’accent, avec cet accrochage événement éclairant la place qu’occupait Renoir dans l’éclosion de ce mouvement pictural majeur. Le choix s’est assez vite porté sur le tableau Étude. Torse, effet de soleil, que le maitre présentera en 1876 lors de la deuxième exposition impressionniste, car elle est « plastiquement intéressante, tout comme son historique et sa place dans la critique« , qui au départ se montra relativement acerbe à l’encontre du mouvement, souligne Yohan Rimbaud. Un accrochage permettant de mettre en lumière L’Enfant au biscuit, une huile sur toile représentant le fils de l’artiste, issue des collections du Musée des Beaux-Arts, et deux autres œuvres en prêt : la lithographie commandée par Ambroise Vollard pour son Album d’estampes originales, qui a inspiré ce portrait familial, et la gravure La Baigneuse debout à mi-jambes, dont l’iconographie est très proche. De quoi nourrir l’intérêt des amateurs d’art et l’occasion de (re)découvrir les collections de l’établissement dracénois, six mois seulement après son ouverture.

Le Printemps impressionniste de Monsieur Renoir, jusqu’au 23 juin, Musée des Beaux-Arts, Draguignan. Rens: mba-draguignan.fr
Toulouse-Lautrec, tête d’affiche, jusqu’au 9 juin, Musée Bonnard, Le Cannet. Rens: museebonnard.fr 

photo : Musée des Beaux-Arts de Draguignan – Vue de l’extérieur © Marion D’amico