La marionnette, un art total

La marionnette, un art total

Le Printemps de la marionnette et des formes animées, rendez-vous incontournable des amoureux du genre, revient du 9 au 25 avril à Mougins pour une 8e édition.

Comment évoquer le Printemps de la marionnette et des formes animées, sans parler de la Cie Arketal. Le duo formé par Greta Bruggeman et Sylvie Osman, qui aura marqué de sa présence chaque édition et vient de tirer le rideau sur 40 ans de création, présentera Les Marionnettes d’Arketal en voyage, exposition spécialement conçue pour le festival : des marionnettes dites « de recherche », ayant contribué à la création d’innombrables personnages seront montrées, valise à la main, dans 14 cadres, au cœur de Scène55. Une belle manière de dire au revoir, et de passer le flambeau aux nouvelles générations, comme le Théâtre Désaccordé, avec qui la compagnie cannoise travaille depuis quelques années. Après leur collaboration sur La Légende de la 3e colombe, Greta Bruggeman a de nouveau mis la main à la pâte en participant à la création des personnages qui prendront vie dans Petite Touche, une adaptation de l’album éponyme de Frédéric Clément permettant à des personnes non-voyantes de profiter du spectacle. Petite Touche, narratrice de l’histoire et aveugle, rencontre Corbillard, un corbeau muet. Une amitié se crée alors, et quand l’une partage ses goûters, l’autre délivre des « babioles » ramassées ici ou là. Au fil du temps, les trouvailles alignées forment un langage braille mystérieux racontant une histoire dans laquelle tous les oiseaux du monde sont menacés de perdre leur chant. Mais un pacte liant les deux personnages permettra de vaincre Marabout, l’instigateur de cette malédiction : « Il a la vue, Elle a la voix« . Dans cette aventure pour les yeux, les oreilles… et les doigts, les personnes mal-voyantes sont invitées à venir 1h avant le spectacle pour découvrir par « petites touches » quelques éléments de l’intrigue délivrée plus tard aux voyants. Un « spectacle tactile » accessible dès 8 ans.

Le dernier jour de Pierre est quant à lui recommandé aux plus 16 ans ! Après avoir inauguré son édition 2023 avec La Tempête, basée sur l’œuvre de Shakespeare, Scène55 ouvre cette année avec ce spectacle imaginé par la Cie Deraïdenz. Une nouvelle fois le théâtre azuréen propose une facette plus sombre de cet art de la marionnette qui, bien loin des a priori réducteurs, est un art total croisant les disciplines artistiques (théâtre, arts plastiques, musique, danse…) sans craindre d’aborder des sujets complexes. Et c’est peu dire avec cette création sortie de l’esprit – sans doute – torturé de Baptiste Zsilin, qui se plaît à dévoiler la « matière noire » qui nous entoure. On suit ici un vagabond s’installant dans un village, et qui, malgré la chaleureuse hospitalité de ses habitants, se retrouve vite confronté à ses démons… Conte contemplatif sans le moindre texte, véritable expérience sensorielle, cette création prend un tournant inattendu lorsque surgissent ce que la compagnie appelle des « brèches Noires horrifiques« . Le cadre onirique, où se succèdent 10 tableaux-décors accueillant une trentaine de marionnettes à fils longs, bascule alors, et l’on comprend qu’on assiste littéralement aux derniers jours de Pierre. Un conte horrifique réservé à un public averti.

Ceci n’est qu’un petit aperçu de ce qui attend le public, puisque 4 autres spectacles, explorant différentes techniques de manipulation (marionnettes à gaine, à tige, à tringles, théâtre d’objet ou d’ombres…) et autant de sujets, sont à l’affiche : L’Éloge des araignées, histoire réjouissante d’une amitié intergénérationnelle autour de la figure de l’artiste Louise Bourgeois, présentée par Simon Delattre (dès 8 ans) ; Mon ballon, variation en théâtre de papier autour du Petit Chaperon Rouge, imaginée par la Cie Gorgomar (dès 2 ans) ; À qui mieux mieux, récit d’apprentissage pour petits et grands philosophes, où Renaud Herbin donne de sa personne (dès 3 ans) ; et À moi ! voyage marionnettique dans lequel la Cie À Kan la Dériv’ aborde la naissance de la notion de possession chez l’enfant (dès 3 ans).

9 au 25 avr, Scène 55, Mougins. Rens: scene55.fr

photo : Le dernier jour de Pierre © Serge Gutwirth

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