26 Mar L’art de perdre
Un décor sobre, une table en Formica et deux femmes qui se font face: Yema, grand-mère venue d’Algérie, et Naïma, sa petite-fille, née en France. Deux femmes que la barrière de la langue empêche de communiquer, mais qui sont réunies par l’amour et leur passé commun… L’Art de perdre est à découvrir en avril, à Grasse et à Hyères.
C’est une adaptation du roman d’Alice Zeniter, Prix Goncourt des lycéens 2017, que propose ici Sabrina Kouroughli et la Cie Ronde de Nuit. Naïma, une Parisienne d’origine algérienne, sent le passé et les non-dits de sa famille peser tels des fantômes sur sa vie et se donne pour objectif de reconstituer cette histoire familiale tue depuis des années. La jeune femme remonte jusqu’en 1962, quand ses aïeuls ont été contraints de fuir l’Algérie pour s’installer à Paris. Présent sur scène, mais qui ne parlera qu’au moment voulu : le grand-père harki et mari de Yema, Ali, celui par qui tout a commencé… Yema est quant à elle assise face à sa broderie jusqu’à ce que sa voix s’élève et la sorte du silence au fur et à mesure de la reconstitution de sa petite-fille. Des présences silencieuses mais essentielles, témoignant de ce passé qui a bel et bien existé, et qui seront sur scène tout au long de la pièce tandis que Naïma tissera le puzzle de son passé, du départ de ses grands-parents de leur Kabylie natale à leur arrivée au camp de Rivesaltes à Marseille jusqu’à leur HLM de Normandie. Une histoire dont elle ne connaît que des bribes, elle qui fut élevée par un père rongé par la peur de son pays d’origine.
L’Art de perdre, c’est une histoire d’exil, de ceux qui ont dû fuir pour survivre. Une histoire familiale, de transmission et d’héritage. Sabrina Kouroughli, Fatima Aibout et Issam Rachyq-Ahrad font résonner la petite histoire dans la grande Histoire, permettent de faire entendre, tout en délicatesse et avec humour, les voix silencieuses et oubliées de l’Algérie.
13 avr, Théâtre de Grasse. Rens: theatredegrasse.com • 19 avr, Théâtre Denis, Nice. Rens: compagniedelecho.fr
photo : L’Art de perdre © DR