Nelson Goerner, au service de la musique

Nelson Goerner, au service de la musique

Qu’est-ce qui rend les interprétations de Nelson Goerner si justes ? Si sensibles ? Peut-être le fait que le pianiste argentin n’aborde pas un répertoire sans être habité intérieurement par lui, sans avoir construit une relation intime et forte depuis longtemps avec l’œuvre et son auteur.

Serguei Rachmaninov, à l’affiche du concert programmé par l’Orchestre national de Cannes le 6 avril prochain, est un de ces compagnonnages de longue date pour Nelson Goerner, un compositeur qu’il a notamment joué, puis analysé lors de masterclasses, à la Roque d’Anthéron l’été dernier.  « Imagination réfléchie« , « assurance sensible« , « humilité sans ostentation » s’accordent à dire du pianiste et de son interprétation les critiques… Tout est vrai dans ces propos, et ce dans tous les répertoires qu’il a défendus, de la musique française aux débordements passionnés de la musique russe, en passant par la grâce d’un Chopin ou d’un Schubert. Nelson Goerner fait partie des grands qui se présentent face au public sans narcissisme aucun, simplement au service de la musique. 

Le concerto n° 2 de Serguei Rachmaninov, écrit entre 1900 et 1901 dans la veine d’un Tchaikowski, qu’il interprètera sous la direction de Benjamin Levy, et accompagné des jeunes étudiants-musiciens de l’Institut d’études supérieures de musique d’Aix-en-Provence (IESM) qui formeront cet orchestre d’un soir, mettra une fois de plus en lumière cette passion et cette retenue qui caractérisent le pianiste virtuose tant l’œuvre joue sur les deux tableaux, réclamant une virtuosité extrême et une tendresse pudique. 

Mais le programme réserve d’autres voyages : la mer, indissociable de la ville, sera le sujet de la première œuvre au programme de ce concert, avec les Quatre Interludes Marins de Benjamin Britten, extraits de l’opéra Peter Grimes. On entendra également les 14 mystérieuses Variations Enigma du compositeur anglais Edward Elgar, chacune dressant le portrait de l’un de ses amis en musique, et le sien, dans la dernière. Gageons que ce moment musical sera, aussi bien pour le public que pour les jeunes musiciens de l’orchestre, une expérience d’une grande puissance évocatrice.

6 avr, Théâtre Debussy, Cannes.  Rens: orchestre-cannes.com

photo: Nelson Goerner © Marco Borggreve