23 Avr Le cinéma, autrement
Le festival Visions Sociales, c’est une programmation atypique et engagée. Sa 22e édition se déroulera du 18 au 25 mai 2024, au Château des Mineurs à Mandelieu.
Bien qu’étant un art populaire, le cinéma n’en demeure pas moins un milieu relativement fermé, particulièrement lorsqu’il organise des manifestations type Berlinale, Mostra de Venise ou encore Festival de Cannes. Soit des évènements de professionnels pour les professionnels, plus quelques invités glamour et prestigieux – auxquels ne peuvent assister Mr et Mme Tout-le-monde, quel que soit leur degré de cinéphilie. Heureusement, en marge de ces célébrations, il existe tout de même des contrepoints populaires, accessibles et destinés aux passionnés anonymes, amoureux des salles obscures. Par chez nous, on peut citer les dispositifs Cannes Cinéphiles et Cannes Écrans Juniors, imaginés par l’association Cannes Cinéma qui offre aux amateurs de 7e Art l’opportunité de découvrir gratuitement la programmation des sélections cannoises (Sélection officielle, Quinzaine des Cinéastes, Semaine de la Critique, Association du Cinéma Indépendant pour sa Diffusion), dans le réseau de salles municipales et de salles cannoises partenaires.
Et l’on pense bien-sûr au festival Visions Sociales, un événement se déroulant du 18 au 25 mai, en parallèle du Festival de Cannes, dans le classieux décor du Château des Mineurs à Mandelieu. Une manifestation existant depuis plus de 20 ans, délivrant chaque année une programmation cinématographique éclectique et exigeante (dont une partie sera disponible en VOD durant le festival, sur son site officiel !), et qui aura Lina Soualem pour marraine en 2024. La réalisatrice et comédienne franco-algérienne multirécompensée y présentera son premier long métrage documentaire, Leur Algérie, qui aborde l’héritage familial de la jeune cinéaste, et questionne la notion d’exil et de silence. Au programme aussi : son deuxième film, Bye bye Tibériade, récit émouvant d’une Palestine déchirée à travers le regard de l’actrice Hiam Abbass, propre mère de Lina Soualem. Une exploration de la transmission de mémoire, de lieux, de féminité, de résistance, dans la vie de femmes qui ont appris à tout quitter et tout recommencer.
Bien d’autres films méritent d’être vus, pour la portée sociale et symbolique de leurs sujets, comme Borderline de Juan Sebastian Vasquez et Alejandro Rojas, fiction qui s’intéresse au projet de nouvelle vie de deux Espagnols, migrant de l’Espagne aux USA. Confrontés à la police aux frontières, ils doivent répondre aux questions anodines comme les plus intimidantes, donnant l’impression, dans ce film à suspense principalement tourné dans la salle d’interrogatoires, d’une remise en question totale sur leur existence. Une expérience émotionnelle douloureuse et brutale qui les confronte à la difficulté d’être un étranger.
Signalons que, parallèlement aux 22 films sélectionnés, se tiendront plusieurs rencontres autour de différents sujets tels que les exploitant.e.s du cinéma, les luttes sociales ou encore le service public ; on pourra notamment échanger avec Tangui Perron, spécialiste des rapports entre mouvement ouvrier et cinéma, qui présentera son livre – fort à propos – Une autre histoire du Festival de Cannes.
18 au 25 mai, Château des Mineurs – Domaine d’Agecroft, Mandelieu. Rens: nosoffres.ccas.fr/visions-sociales
photo : Bye bye Tibériade de Lina Soualem© Beall Productions