23 Avr Stockfish : du hip-hop au menu
Deux dates avec deux groupes qui, pour coller à notre époque, renouvellent les codes du hip-hop : le duo AllttA et l’ovni Glauque sont attendus au Stockfish à Nice, en mai.
Difficile de trouver plus protéiforme que la culture hip-hop. Ce mouvement qui vient de fêter ses 50 ans a considérablement influencé les domaines de la musique, de la danse, de la mode, du design, bref, de la Culture en général. Quel que soit le style musical, le hip-hop irrigue un grand nombre d’artistes contemporains, comme une évidence. Signe de notre époque, moins groovy et chaleureux, les sons deviennent plus électroniques et froids, les machines remplacent les instruments et les producteurs de hip-hop piochent de moins en moins leurs boucles dans la soul, le funk ou le jazz.
En observant le parcours des membres qui composent AllttA, le constat est d’autant plus flagrant. 20 Syl, leader de Hocus Pocus et l’un des quatre orfèvres des platines de C2C, a toujours inclus de l’organique dans sa musique. Bien sûr, C2C démontrait sa maîtrise de la culture hip-hop, mais Hocus Pocus s’est affirmé dès ses débuts avec une vraie rythmique et d’authentiques musiciens. Textes fun – mais pas seulement – et sonorités funky, leurs concerts étaient de purs moments de bonheur. L’autre MC de ce duo, Mr. J.Medeiros est peut-être moins connu du public ; pourtant son premier groupe, The Procussions, est un must du hip-hop indé américain qui mélange aussi samples et instruments. Avec son complice Stro The 89th Key, qui a désormais intégré The Roots, ils ont signé des albums sublimes dont un indispensable Up all Night, résultat d’une nuit musicale passée dans un studio japonais. Avec des textes toujours aussi ciselés, AllttA présente toutefois un versant beaucoup plus électronique dans le parcours du duo franco-californien qui, depuis The Upper Hands en 2017, a sorti deux autres opus à ce jour.
Et que dire de Glauque, dont le nom n’invite pas vraiment à un état de bonheur radieux ! La formation belge est composée de musiciens issus du Conservatoire ; pourtant, c’est aussi vers des sons électroniques que le groupe axe ses compositions enrichies de textes témoignant des doutes et malaises d’une époque décidément bien sombre. Par ailleurs, à l’instar d’Orwell ou K. Dick, la réalité de Glauque ne se tient pas très loin de la dystopie et des récits de science-fiction… Jazz et funk laissent donc la place à une electro-indus plus froide, mais non moins impactante. Comme si le mantra « Peace Unity Love and Having Fun » était devenu « Prozac, alcool et mal de vivre”. Un virage qui illustre parfaitement une période moins lumineuse de notre civilisation.
TRAVERSÉS PAR UNE MÊME RÉALITÉ
Eux ne font pas de hip-hop, mais ils ont toujours su cerner les travers de notre époque : Tagada Jones, héritiers de la scène alternative française façon Béru, distille sa rage depuis trois décennies dans un univers DIY où se côtoient allègrement punk, métal et hardcore, sur des textes engagés écrits dans la langue de Molière. Parce qu’il faut bien se faire comprendre, bordel ! Après un excellent 10e album, À feu et à sang, le combo breton vient de sortir TRNT, Best-of 1993-2023, dans lequel il a réarrangé ses morceaux phares. Il sera au Stockfish le 18 mai, accompagné par un autre grand nom du métal hexagonal, Sidilarsen.
AlltA + Sims & May Din, 11 mai • Tagada Jones + Sidilarsen, 18 mai • Glauque, 23 mai. Stockfish, Nice. Rens: stockfish.nice.fr
photo: Glauque © Jorre Janssens