27 Juin Le vœu de Marguerite Maeght est exaucé
Le Musée des Beaux-Arts de Draguignan consacre son exposition estivale à un ex-voto dont Marguerite Maeght confia la réalisation à quatre artistes complices d’esthétiques nouvelles. Un acte de dévotion qui a transformé le décor intérieur de la chapelle de Sainte-Roseline, située aux Arcs-sur-Argens.
Le site religieux, restauré et classé monument historique, compte 300 m² de surface et abrite des œuvres d’une modernité certaine qui contraste avec ses murs édifiés en XIe siècle, grâce à la volonté d’une femme pieuse et passionnée, et aux travaux de quatre artistes phares du XXe siècle.
Intitulée Le vœu de Marguerite Maeght, l’exposition explore les liens entre l’artiste et collectionneuse qui avait créé avec son mari la Fondation Maeght à Saint-Paul-de-Vence en 1964, et les quatre artistes que sont Marc Chagall, Diégo Giacometti, Jean Bazaine et Raoul Ubac. Elle a aussi pour ambition d’expliquer les raisons d’une commande alliant modernité et maîtrise des savoir-faire traditionnels. Quelque quarante maquettes, dessins préparatoires, documents d’archives audiovisuels et graphiques décrivent les étapes de la conception des vitraux par Bazaine et Ubac, du mobilier liturgique par Giacometti et de la mosaïque par Chagall. Tous rendent compte d’une intention artistique et spirituelle commune à Marguerite Maeght et aux artistes sollicités, s’inscrivant alors dans le renouveau de l’art sacré. « Cette exposition compose un portrait en creux de Marguerite Maeght« , commente Yohan Rimaud, conservateur du musée dracénois. Pour l’artiste visuelle, religion, foi et espérance se fondent dans la figure de la Sainte qui devient progressivement une référence au sein de sa famille. La symbolique déployée dans la chapelle Sainte-Roseline embrasserait donc tout autant la foi d’une pratiquante que les fondements mêmes de la création artistique.
Le parcours de l’exposition se décline en trois sections thématiques. D’abord, le visiteur explore, à travers le vœu personnel et familial de Marguerite Maeght, la commande singulière passée aux quatre artistes. Puis, une série d’esquisses, de maquettes, d’œuvres préparatoires et de documents évoquent les interprétations et techniques adoptées dans différents supports et matériaux – bronze, vitrail et mosaïque – afin de retranscrire l’esprit de la chapelle par le biais d’un vocabulaire moderne et intemporel. Pour cela, les œuvres de Raoul Ubac et Jean Bazaine sont exposées, ainsi que les gouaches et aquarelles de Marc Chagall. De Diego Giacometti, un bronze, mais aussi deux grands plâtres préfigurent les bas-reliefs des portes et de la niche du reliquaire des yeux de la Sainte, évoquant le miracle des roses, dont Roseline de Villeneuve, née en 1263 et morte en 1329, serait à l’origine.
Enfin, une œuvre de Nina Laisné, intitulée Frati Uccelli, clôture l’exposition, et constitue aussi une ouverture à la création contemporaine. Cette installation, créée en 2023 au monastère franciscain de Saorges, apporte son écho, musical et pictural, aux interventions des artistes choisis en leur temps par Marguerite Maeght. Un dispositif sonore diffusant un chant traditionnel inonde quatre tableaux peints à la manière des écoles flamandes du XVIe siècle, représentant des moines priant dans la nature. L’œuvre de Nina Laisné fait le lien avec l’histoire de la chapelle, marquant ainsi la porosité de deux univers et la diversité de sensibilité de deux époques. Le vœu de Marguerite Maeght est donc à nouveau exaucé !
Jusqu’au 22 sep, Musée des Beaux-Arts, Draguignan. Rens: mba-draguignan.fr
photo: vue de l’exposition © Pascal Linte