L’Opéra de Toulon poursuit son périple

L’Opéra de Toulon poursuit son périple

C’est hors les murs, dans l’intimité de la provisoire salle de répétition des chœurs, que Jérôme Brunetière, directeur de l’Opéra de Toulon, a dévoilé le programme de la saison 2024-2025.

Des locaux provisoires, car le vénérable établissement est actuellement fermé pour rénovation. Un ravalement de façade, et de tous les espaces de l’édifice sorti de terre en 1862, qui a contraint Jérôme Brunetière à imaginer à nouveau une programmation hors les murs, pour sa deuxième saison à la barre du navire toulonnais. Un casse-tête logistique et technique merveilleusement surmonté qui se poursuivra donc jusqu’en 2027, date de la réouverture programmée.

« Du grand opéra ! »

Comme la saison passée, c’est en ouverture du Festival d’été programmé à Ollioules par la Scène nationale Châteauvallon-Liberté, que l’Opéra de Toulon lancera sa saison 2024-2025, dès le 29 juin, avec le diptyque Cavalleria Rusticana et Pagliacci, signés Mascagni et Leoncavallo. Mises en scène par l’Italienne Silvia Paoli, que l’on avait pu voir sur scène dans Tosca en octobre 2022, ces œuvres jumelles sont fondatrices du mouvement musical vériste « porté à ses sommets par Puccini« , indique Jérôme Brunetière. « De très grandes pages de la musique, où le chœur joue un rôle très important. On est dans du grand opéra !« 

Et puisqu’on parle de grand opéra, la maison toulonnaise proposera cette saison deux programmes « labellisés » Les Grandes Pages, l’idée étant de « faire visiter des parties de répertoire« . Le premier dédié à L’opéra italien et français, en septembre au Parc de la Méditerranée à Six-Fours, permettra d’entendre la soprano Adriana Gonzàlez, vue dans Carmen en 2023, et le ténor superstar Freddie de Tommaso, dans des œuvres de Puccini, Verdi, Cilea, Massenet ou encore Bizet. Un concert lyrique qui voyagera jusqu’au Théâtre des Champs-Élysées en octobre, histoire de montrer au public parisien ce dont l’Orchestre de l’Opéra est capable ! Le second consacré à L’opéra allemand, en janvier au Palais Neptune de Toulon, fera entendre des extraits du Tristan et Isolde de Wagner, ainsi qu’une sélection d’œuvres « qui ne sont pas stricto sensu du répertoire opératique » souligne Jérôme Brunetière, « mais d’un répertoire voix-orchestre qui a toute l’exigence de l’opéra« , à l’instar des Vier Letzte Lieder de Strauss et des Kindertotenlieder de Mahler. Les voix seront celles de la soprano Elisabeth Teige et du baryton Mikhail Timoshenko. Présentés en version concert, ces extraits des plus grandes pages de l’opéra seront à chaque fois dirigés par le nouveau directeur musical de l’orchestre toulonnais, Victorien Vanoosten : « Dans les six premiers mois de la saison, il était très important de lui donner beaucoup d’occasions de travailler avec l’orchestre et de lui permettre d’avancer dans sa connaissance des musiciens. »

Première saison pour Victorien Vanoosten

Le jeune chef et pianiste de 39 ans, nommé en janvier dernier, dirigera également la phalange toulonnaise dans La Force du destin, « pièce majeure du répertoire de Verdi » présentée en octobre au Zénith, dans une mise en scène de Yánnis Kókkos. Un opéra parmi les plus célèbres du compositeur italien qui – comme si le nom de cette œuvre avait influé sur sa destinée – serait l’objet d’une malédiction, lui qui a connu de nombreux rebondissements dramatiques avant et (bien) après sa création en 1862 ! Un autre Verdi résonnera au Palais Neptune en avril : Nabucco, avec dans le rôle-titre, Nikoloz Lagvilava, qui était déjà Rigoletto en octobre dernier, Ewa Vesin, qui a été Tosca l’année d’avant, et un jeune ténor français très prometteur, Julien Henric. Cet opéra sera présenté en version concert : « Si cette forme peut au départ déconcerter, c’est une manière de mettre l’accent sur la musique« , explique Jérôme Brunetière.

Orchestre et Choeur Opéra de Toulon © F. Stéphan

En décembre au Palais Neptune, l’Opéra de Toulon présentera – période de fêtes oblige – la soirée Classical Broadway. Sous la direction de Larry Blank, deux chanteur.euse.s lyriques (Jasmine Roy, Sinan Bertrand) et deux autres issu.e.s du Musical (Margaux Poguet, Guillaume Andrieux) interprèteront des titres qui ont marqué l’histoire de Broadway et du cinéma, ainsi que des airs d’opéra. Un spectacle également programmé cet été au Festival de Ramatuelle, et en janvier prochain au Carré Sainte-Maxime.

En février au Liberté, Une Petite Flûte permettra de découvrir en famille la mythique Flûte enchantée de Mozart, dans une version en forme d’opéra participatif, mis en scène par la comédienne Julie Depardieu, grande mélomane, qui a déjà travaillé sur Les contes d’Hoffman d’Offenbach et a tenu plusieurs années durant une chronique musicale sur France Musique. Tandis que le mois de mai sera l’occasion de redécouvrir La Belle Hélène, opéra bouffe d’Offenbach que « le public adore« , mis en scène par un duo spécialiste du genre, Alice Masson et Quentin Gibelin.

Du lyrique au symphonique…

Bien entendu, des concerts symphoniques s’articuleront autour de ces rendez-vous lyriques : on y croisera Ravel et son Boléro, Mozart qui encadrera une création inattendue de Raphaël Lucas, compositeur qu’on a vu à l’œuvre avec l’opéra Ressusciter la Rose pour le centenaire de la Villa Noailles, mais aussi le violoncelliste Edgar Moreau dans le Concerto pour violoncelle de Dvořák, pièce qui clôturait en 1894 la « période américaine » du compositeur tchèque. Signalons que l’Orchestre de l’Opéra de Toulon participera également pour la première fois à la fameuse Nuit du Piano, organisée chaque année par le Festival de Musique de Toulon

…en passant par la danse

Enfin, notons que le volet danse de cette saison 2024-2025 verra trois grandes compagnies de danse contemporaine fouler les planches des scènes toulonnaises : celle de Hofesh Shechter, avec Theatre of Dreams, le Ballet de Monte-Carlo de Jean-Christophe Maillot, avec Cendrillon, et la Cie DCA de Philippe Découflé, avec Le Temps.

Le temps… et la place ! Voilà ce qui nous manque pour détailler davantage cette nouvelle saison de l’Opéra de Toulon, qui propose cette année encore des formules d’abonnement libre, et – trop rare pour ne pas être signalés – des bons plans pour les moins de 30 ans, à l’instar des tarifs Jour J défiant en toute concurrence…

Dès le 29 juin, lieux divers, Toulon, Six-Fours, Ollioules. Rens: operadetoulon.fr

photo : Classical Broadway © Kevin Bouffard

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