Manguin, maitre fauve

Manguin, maitre fauve

Au Lavandou, la Villa Théo accueille une exposition qui marquera l’été de la plus colorée et harmonieuse des manières : plusieurs études et toiles d’Henri Manguin, maître fauve, y sont présentées, sous l’œil éclairé de Jean-Pierre Manguin, petit-fils de l’artiste, dont certaines œuvres sont issues de sa collection particulière.

C’est lors du Salon d’automne de 1905 à Paris que le critique d’art Louis Vauxcelles emploie pour la première fois le mot « fauves » : « C’est Donatello parmi les fauves« , écrit-il. Aux côtés d’Henri Matisse, on retrouve alors six artistes, dont André Derain, Maurice de Vlaminck, Marc Chagall, et Henri Manguin, qui exposent dans une salle renommée Cage aux fauves. Par extension, la peinture de ces artistes est alors qualifiée de « fauviste ». Ce qui caractérise le travail des peintres de cette exposition – pensée en réaction au Salon officiel de Paris jugé trop académique –, c’est cette approche de la couleur, de la composition, d’une simplification des perspectives, et une recherche de l’harmonie particulièrement prégnante dans l’œuvre de Manguin. Guillaume Apollinaire qualifiait ce dernier de « peintre voluptueux » : les corps sont pris sur le vif, sans posture esthétisante, et évoquent le quotidien dans une expression de sensualité heureuse. Ici, la femme – sa propre femme et muse – est saisie dans l’action, comme on prendrait aujourd’hui une photo d’une scène banale. Là, les paysages éclatent de couleurs dans des harmonies chromatiques inédites, rendant au réel une interprétation presque imaginaire. 

C’est Manguin qui fit découvrir la Côte d’Azur et la lumière du Midi à Pierre Bonnard, et c’est ici qu’il affirme ses liens d’amitié avec Henri-Edmond Cross et Théo Van Rysselberghe. Ce dernier donne son nom à la Villa Théo, désormais centre d’art et propriété de la commune du Lavandou, dirigée par Raphaël Dupouy, co-commissaire de cette exposition. Peinte à quelques encablures de là, la Baigneuse à Cavalière (1906) a notamment été prêtée par le musée de l’Annonciade, pour lequel Manguin se mettre à l’œuvre en 1924, en vue alors de sa prochaine ouverture à Saint-Tropez.

Le travail préparatoire de Jean-Pierre Manguin pour cette exposition permet de rendre compte des relations particulièrement fortes qui existaient entre peintres en cette époque d’une vivace inventivité, et dont l’objectif partagé était de faire avancer – ou de faire valoir – les visions et techniques de leur art. Là, Manguin, Cross et Matisse sont au cœur d’échanges épistolaires précieux.

6 juil au 28 sep, Villa Théo, Le Lavandou.  Rens: villa-theo.fr

photo : Henri Manguin, La Naïade, Cavalière 1906, © Collection particulière