21 Juil Jean Cocteau, l’illusionniste
Les qualificatifs ne manquent pas lorsqu’on évoque les multiples talents de Jean Cocteau : de poète à peintre, en passant par dessinateur, dramaturge et cinéaste, sa prolifique et protéiforme carrière fut nourrie d’influences diverses. Un pan essentiel de celle-ci est aujourd’hui mis en lumière dans l’exposition Le château des illusions, visible au Musée Jean Cocteau – Le Bastion, à Menton jusqu’au 18 novembre 2024.
Troisième volet mentonnais sur le thème du château (allusion au bastion), cette exposition a pour fil rouge l’univers des spectacles, tant le théâtre que le music-hall et le pantomime. L’occasion de faire un focus sur les monstres sacrés dont l’artiste français fut proche, de Jean Marais à Édith Piaf en passant par Suzy Solidor et Berthe Bovy. Fasciné depuis son enfance par les arts de la scène, Cocteau n’eut de cesse de retranscrire cette magie dans son œuvre. « Je rêvais de théâtre… Lorsque mon frère Paul fut emmené, à Samson et Dalila, si je ne me trompe, je me consolai un peu, du fait que l’un de nous s’embarquait sur le fleuve rouge et qu’il m’arriverait peut-être de m’y embarquer à mon tour et de connaître les grandes salles d’or interdites« , écrira ainsi Cocteau en 1935 dans Portraits souvenir. Le château des illusions associe les collections du musée mentonnais à des prêts de particuliers et des musées de Cagnes-sur-Mer, dans un parcours qui se décline en 11 séquences s’articulant autour de 10 pièces majeures de Cocteau. Le tout illustré par des dessins, des affiches, des photographies, des extraits de pièces de théâtre et chansons.
Le parcours débute au rez-de-chaussée par une entrée de théâtre qui invite le visiteur dans un lieu orné des affiches des plus fameuses pièces de l’artiste – Les enfants terribles, la machine à écrire, les monstres sacrés… Avant que s’imposent à nos yeux une série d’Arlequins, évoquant l’enfance de l’artiste, son goût pour le cirque et les clowns Foottit et Chocolat, et les personnages imaginaires de la Commedia dell’arte, pour finir par une série autour du Fils de l’air, histoire écrite par le poète en 1959 qu’il n’a jamais pu présenter au public de son vivant. À l’étage, une séquence dédiée au groupe des Six et aux Mariés de la Tour Eiffel, ballet satirique en un acte qui fut extrêmement mal reçu par le public lors de sa 1e représentation, sans pour autant être considéré comme un scandale. Lui succède alors une séquence consacrée à deux farces mêlant cirque et music-hall : Parade ainsi que Le Bœuf sur le toit. Enfin, l’espace central présente une scénographie reconstituant la loge des artistes grâce à laquelle nous pénétrons dans les coulisses d’un théâtre parisien à la découverte du poète lui-même… Notez que Jean Cocteau 1889 1963, film documentaire de 11 min réalisé par Nicolas Patrzynski, est également diffusé quotidiennement dans l’annexe du musée.
Cette exposition est une magnifique opportunité de découvrir ou redécouvrir le travail de cet artiste touche-à-tout exceptionnel qui a influencé et marque encore le milieu culturel et artistique français de son style unique et de son talent créatif à contre-courant.
Jusqu’au 11 nov, Musée Jean Cocteau – Le Bastion, Menton. Rens: museecocteaumenton.fr
photo : Serge Lido, Les Monstres sacrés (Yvonne de Bray), 1940 Tirage argentique sur papier © Musée Jean Cocteau Coll. Séverin Wunderman.