22 Juil Réminiscence onirique
Le Centre d’art contemporain de Châteauvert vient de célébrer ses 10 ans lors d’une programmation artistique dédiée, courant juillet. L’occasion de proposer également une nouvelle exposition temporaire : Parade, une invitation à l’univers poétique et surprenant de Pierre Ardouvin.
Une osmose entre art, nature et questionnements sociétaux, voilà l’objet du centre d’art varois depuis maintenant 10 ans. Une identité artistique intimement liée à son cadre institutionnel, son environnement, son histoire et son implantation géographique. Niché au cœur de la Provence Verte, il s’inscrit naturellement dans une démarche artistique axée sur les enjeux du vivant. Aussi, sa programmation découle d’une réflexion croisée entre les préoccupations esthétiques, sociétales, environnementales et économiques actuelles, dans une approche pluridisciplinaire qui encourage le dialogue entre les différentes formes d’art et de pensée. À titre d’exemple, le centre d’art vient d’accueillir le 8e Festival FADA – Film autour de l’art. Une approche également déterminée par le choix d’artistes audacieux et engagés, à l’image de la carte blanche offerte à Pierre Ardouvin, dont le travail questionne les rouages de notre société.
L’artiste plasticien français, dont l’œuvre privilégie le format de l’installation dans son environnement, a également recours au dessin, collage et assemblage. Depuis les années 1990, il développe une réflexion sur la culture du spectacle, qui transparaît nettement dans Parade, et critique en filigrane nos modes de vie domestiques que l’artiste considère comme illusoires. Plus précisément, le titre de l’exposition fait référence au monde du cirque, ainsi qu’au film éponyme de Jacques Tati. Parade est ainsi une manière de suggérer l’évitement, la riposte, la diversion face à un imprévu, une attaque.
Pierre Ardouvin s’est emparé de réalités territoriales, comme les crues de l’Argens, fleuve qui borde le centre d’art de Châteauvert, pour imaginer son exposition. C’est donc à partir d’éléments du quotidien – canapés, bastaings, bibelots, rochers, branchages – que l’artiste propose un accrochage qui n’est autre que le reflet de notre monde au travers d’un miroir déformant, où rêve et cauchemar cohabitent. « J’utilise ces matériaux ou ces objets pour leur capacité à éveiller des sensations, des émotions avec lesquelles je travaille« , explique l’artiste. Parade devient alors une réminiscence onirique. Par exemple, les sculptures Équilibristes, consistant en une juxtaposition d’objets enfantins, permettent au spectateur de « revivre » la douceur de l’enfance. L’exposition devient alors une sorte de déambulation dans le paysage d’un temps révolu, ou la convocation d’un monde au-delà des frontières du réel. Ardouvin invite le visiteur à participer à cette parade, en sollicitant leurs souvenirs d’enfance afin de reconstituer les pans d’histoires mis bout à bout par les différentes œuvres. Il opère une bascule de l’objet fonctionnel vers le poétique.
Parade est un appel joyeux et mélancolique qui souhaite isoler les temps modernes des excès et pressions capitalistes. Pierre Ardouvin passe notre société de consommation au filtre de la candeur dans un sursaut d’énergie imaginative et créatrice. Une exposition qui explore avec légèreté la folie et le vertige de notre époque.
Jusqu’au 1er déc, Centre d’art contemporain de Châteauvert. Rens : centredartchateauvert.fr
photo : Vue de l’exposition © Patrick Blot