03 Sep De l’art de détourner le réel
Marquée par le sceau de « l’étrange », la saison imaginée par Maria Claverie Ricard pour Théâtre en Dracénie se verra logiquement inaugurée par une Soirée Magique, conçue par la Compagnie 14:20. À découvrir les 27 et 28 septembre prochain.
Longtemps qualifiée de simple divertissement par le grand public, la magie a été hissée au rang d’art il y a une vingtaine d’années par une bande d’amis désireux de la libérer de ses limites formelles. À l’image de ce qu’on appelle aujourd’hui le « nouveau cirque », la « magie nouvelle » a aussi fait sa révolution en allant puiser dans les différentes fonctions revêtues par la discipline au fil de l’histoire, pour devenir une forme artistique autonome.
C’est en 2002 que Clément Debailleul, Raphaël Navarro et Valentine Losseau fondent la Cie 14:20 dédiée à cet art multiple de l’illusion ; artistes rapidement rejoints dans ce mouvement par Yann Frish ou Étienne Saglio, aujourd’hui fers de lance de la discipline à l’international. En 2011, ils en posent les bases dans leur manifeste Pour une magie nouvelle, qu’ils définissent comme « un art dont le langage est le détournement du réel dans le réel« , en lointain écho à l’immense Robert Houdin, devenu célèbre sous le nom de Houdini, qui parlait au 19e siècle de « magie moderne« , considérant que « le magicien est un acteur qui joue le rôle de magicien« . Très vite, la Cie 14:20 multiplie les collaborations et c’est ainsi qu’on voit alors débarquer sur scène une danseuse capable d’évoluer sur scène… en quasi lévitation : une création intitulée Le corps qu’Ingrid Estarque présentera à Draguignan avec une autre pièce dénommée La chute, formant un dytique chorégraphique poétique qui se joue de la gravité.
Dans la conception de la Cie 14:20, la magie n’a pas nécessairement besoin de magiciens pour exister, elle exprime des idées piochant dans les différentes formes artistiques : danse, cirque, théâtre, musique, vidéo… Dans leurs spectacles, le public abandonne vite l’idée de trouver une explication rationnelle, il ne cherche pas à connaître « le truc » mais accueille le mystère, se laisse emporter par ses émotions, et renoue avec une part d’enfance. Un peu comme lorsqu’on oublie qu’une marionnette est manipulée par un être humain. Les techniques d’écriture et de rythme, propres au spectacle vivant, jouent alors un rôle fondamental.
Voyage irréel, tours de cartes, ombromanie, objets « monstrueux » ou facétieux… La Cie 14:20 a conçu pour cette Soirée Magique, qui ouvrira la saison de Théâtres en Dracénie, un programme d’une dizaine de créations parmi lesquelles Apesanteur, un numéro de jonglage de Rémi Lavesnes où la trajectoire des balles ne respecte pas nécessairement les lois de la physique ! Des lois que compte bien outrepasser à son tour la Cie Blizzard Concept qui ouvrira le show avec des manipulations d’objets (La Plume et Opéra pour sèche-cheveux), tandis que Philippe Beau clôturera l’événement en domptant l’obscurité avec un numéro d’ombres chinoises (L’ombre au piano), accompagné par la pianiste Madeleine Cazenave. Autant de créations qui peuvent se lire à plusieurs niveaux, à l’instar des contes dont l’histoire, apparemment simple, interroge en profondeur l’être humain…
MAGIE DES IMAGES
Après une première exposition en 2022 au Pôle Culturel Chabran sur le thème des sorcières, Svetà Marlier investit en 2024 le hall du Théâtre de l’Esplanade avec Une touche de magie. Grande portraitiste de modèles vivants, l’artiste niçoise d’adoption prend le contre-pied en utilisant l’Intelligence Artificielle. Une manière bien à elle de jouer avec « la magie » de ce nouvel instrument… Profitez de votre soirée pour découvrir ses travaux !
27 & 28 sep, Théâtre de l’Esplanade, Draguignan. Rens: theatresendracenie.com
photo : Soirée magique © Clement Debailleu