03 Sep Des fauves en Provence
La saison s’annonce fauve à Saint-Cyr-sur-Mer, avec la vibrante exposition Des Fauves en Provence présentée au Centre d’art Sébastien. Cette dernière décrypte comment le mouvement Fauve s’est développé dans le Sud de la France, et aborde ses spécificités provençales avant d’étudier son impact dans la peinture du XXe siècle.
Il faut savoir que l’époque antérieure au fauvisme est alors dominée par une peinture qui se veut « dessinée », et qui laisse peu de place à la couleur. Mais à l’occasion de l’exposition annuelle de 1905 au Salon d’Automne de Paris, une salle est consacrée à des aplats de couleurs plus vifs et plus francs, ceux de Matisse, Derain, Vlaminck… Ces œuvres ont un effet retentissant, au point qu’un critique d’art écrira : « Salle archi-claire, des oseurs, des outranciers, de qui il faut déchiffrer les intentions, en laissant aux malins et aux sots le droit de rire, critique trop aisée. […] Au centre de la salle, un torse d’enfant et un petit buste en marbre d’Albert Marque, qui modèle avec une science délicate. La candeur de ces bustes surprend au milieu de l’orgie des tons purs : Donatello chez les fauves. » Quelques mots actant la « naissance » du mouvement fauviste.
L’exposition varoise retrace, à travers pas moins de 31 œuvres, les peintres présents au Salon de 1905, parmi lesquels Henri Charles Manguin, Raoul Dufy, René Seyssaud… Ces artistes aujourd’hui exposés dans le monde entier ont comme dénominateur commun une fascination pour les paysages provençaux. Parmi eux Louis-Mathieu Verdilhan, pour qui le mouvement fauve agit comme une révélation. Le peintre participe à la « Renaissance provençale » chère à Alfred Lombard et Pierre Girieud. Tout comme Auguste Chabaud, une ferveur de la touche fauve, de l’emploi de couleurs juxtaposées, simplifient le dessin, ne laissant qu’une vive traînée chromatique : orange explosif, jaune citron, bleu roi, vert exubérant. Chabaud expose aux côtés des pionniers du fauvisme, tels que Matisse, Derain et Picasso. Mais c’est son retour en Provence qui intensifiera le ton fauve de ses toiles. Par ailleurs, impossible de rester insensible aux travaux de Charles Camoin, dont les paysages méditerranéens dégagent une luminosité propre au groupe des Fauves. Considéré comme « le plus impressionniste des fauves« , le peintre reste cependant attaché à la retranscription du motif, malgré l’expression évidente de la couleur. En 1921, il délocalise une partie de son atelier à Saint-Tropez, prenant goût à une peinture sensuelle et voluptueuse, celle des paysages du Midi, des portraits de femmes et des nus. Si l’été touche à sa fin, la force fauve s’impose naturellement dans la région varoise.
Jusqu’au 6 oct, Centre d’art Sébastien, Saint-Cyr-sur-Mer. Rens: saintcyrsurmer.fr
photo : vue de l’exposition Des Fauves en Provence © Ville de Saint-Cyr-sur-Mer