Dom Juan, ou la chute d’un prédateur

Dom Juan, ou la chute d’un prédateur

Trois ans après son adaptation de Tartuffe, et celle des Femmes savantes en 2015, la metteuse en scène Macha Makeïeff revient avec une version revisitée d’un autre classique de Molière : Dom Juan. Un spectacle en tournée à Toulon, Monaco, Nice et Draguignan.

Pour cette adaptation, le personnage mythique du dramaturge, interprété par Xavier Gallais, évolue avec son valet Sganarelle (Vincent Winterhalter) en plein XVIIIe siècle français, période de transgressions par excellence. Siècle de Sade et des libertins, il est aussi celui d’une société au bord du gouffre et de l’émancipation des femmes.

Les femmes, justement : présentées comme objets de désir dans la pièce originale, elles prennent ici la parole pour une version qui fait forcément écho à l’actualité et aux revendications féministes post-#metoo. Autrefois envié et adulé, le séducteur est aujourd’hui remis en cause, et l’on découvre sa personnalité égoïste de prédateur. Mais en pensant choisir des proies qu’il croit sans défense, Dom Juan se trouve mis en échec par des femmes qui lui échappent et refusent de se soumettre. Cette pièce est donc aussi l’histoire de l’émancipation de Mathurine (Khadija Kouyaté) et Charlotte (Xaverine Lefebvre). Quant à Elvire (Irina Solano), personnage central de la pièce, elle n’est plus dépeinte comme une victime éplorée, mais comme une femme qui surpasse son état de sidération, ose dire non et se métamorphose au fur et à mesure qu’elle échappe à l’emprise de son bourreau.

Choisir de situer la pièce dans cette période sert aussi à Macha Makeïeff à confronter son personnage à un contexte politique, celui du système aristocratique de l’Ancien Régime. Il refuse le dogme social avec insolence et se fait « transgresseur de toute loi, sacrée, sociale, humaine« , explique la metteuse en scène.

Fini la multiplicité des lieux, le décor de cette adaptation est unique et nous montre un Dom Juan reclus, devenu quasiment fou et dont aucun de ses désirs n’aboutit. La tension est resserrée pour le montrer sous les traits d’un homme en perdition, traqué pour ses actes.

25 au 28 sep, Théâtre Liberté, Toulon. Rens: chateauvallon-liberte.fr
3 oct, Théâtre Princesse Grace, Monaco. Rens: tpgmonaco.mc
9 au 11 oct, La Cuisine – Théâtre National de Nice. Rens: tnn.fr
6 déc, Théâtre de l’Esplanade, Draguignan. Rens: theatresendracenie.com

photo : Dom Juan © Juliette Parisot

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