03 Sep Le Carré Sainte-Maxime : pour s’ouvrir sur le monde
En une quinzaine d’années à peine, Le Carré de Sainte-Maxime a su s’imposer comme un lieu de rendez-vous majeur pour les amateurs des arts du spectacle. En peaufinant une programmation qui aiguise la curiosité et suscite l’enthousiasme, ce théâtre ouvert sur le monde a acquis une reconnaissance qui lui a valu de recevoir en juillet dernier l’appellation de Scène Conventionnée d’Intérêt National, mention Art, enfance, jeunesse. Et la saison 2024-2025 s’annonce plus que jamais riche en propositions prêtes à éblouir le public.
Prêts pour une danse ?
Voire plusieurs, tant la création chorégraphique est prolifique, n’hésitant pas à explorer les moindres états d’âme et de corps de notre société. Alors que l’été tirera sa révérence, le 21 septembre, c’est un spectacle solaire qui rayonnera sur la scène du Carré ce même jour. Depuis sa création, Sol Invictus de la Cie Hervé Koubi exerce une fascination sur le public qui se laisse emporter par l’énergie vitale déployée par les danseurs : hypnotisé par un déferlement de mouvements ininterrompus et audacieux, il prend pleinement part au rituel universel qui se joue sous ses yeux. Spiritualité encore au travers de Requiem(s), la toute nouvelle création d’Angelin Preljocaj qui passe au crible les émotions qui surgissent au moment du deuil afin de dessiner une danse d’une profonde humanité. Rompant avec le conventionnel, le Collectif (La)Horde, à la tête du Ballet National de Marseille, est unanimement plébiscité pour l’esprit novateur dont il investit la planète danse. Avec Roommates, il déploie un kaléidoscope de pièces signées par quelques-uns des chorégraphes les plus inventifs de notre époque, de Peeping Tom à Lucinda Childs ou Claude Brumachon. La danse traversera également les frontières avec la venue de la compagnie espagnole It Dansa, la présentation de la Carmen aux accents berbères d’Abou Lagraa avec le Ballet de l’opéra de Tunis, et la dernière création de la très populaire Hofesh Shechter Company installée à Londres.
Des gestes et des sons
Ces dernières années ont vu l’émergence de nouvelles formes de spectacles dont les frontières sont mouvantes. Aurélien Bory fait partie de ces artistes atypiques qui aiment sortir des chemins battus. Il le prouve avec Invisibili, une œuvre bouleversante qui s’inspire du Triomphe de la mort, fresque murale symbole de la ville de Palerme. La Cie Finzi Pasca, venue d’Italie, présentera deux soirs durant Titizé, un rêve vénitien destiné à éblouir par la magie d’un voyage immersif. Plus traditionnel, le nouveau cirque sera également à l’honneur avec la Cie Hors-surface et le Cirque Le Roux. Si jusqu’ici le geste a séduit notre regard, notre ouïe ne devrait pas être en reste. Des mélodies caressantes de la divine Ayo à l’ethio-jazz de Mulatu Astatke, des grands classiques de Broadway interprétés par l’Orchestre de l’Opéra de Toulon au reggae des plus roots de Tiken Jah Fakoly, de la talentueuse chanteuse de jazz Cécile Mclorin Salvant à la mystérieuse Solann ; sans oublier la rencontre entre la voix de Rosemay Standley et la violoncelliste brésilienne Dom La Nena qui libèrent leur art pour le faire vibrer tel deux oiseaux sur un fil, ou le Pink Floyd Show Tribute. Incontestablement, la musique se décline sur toutes les gammes et pour tous les goûts.
L’art de porter la voix
Enfin, il n’est de salle de spectacle sans théâtre, discipline qui a permis à des textes emblématiques de traverser les siècles, mais qui ouvre aussi le chemin à la réflexion et à la fantaisie pour exprimer les émotions les plus variées. Jean François Sivadier est adepte d’un théâtre populaire qu’il utilise pour en tirer des enseignements. Il s’inspire de textes de grands auteurs pour créer son Portrait de famille, une histoire des Atrides. L’humour grinçant tient aussi la corde, car il pourrait bien nous renvoyer à une part de vécu, avec Vidéo Club de Sébastien Thiery, Ma version de l’histoire signée Sébastien Azzopardi, et le piquant Mondial Placard de Côme de Bellescize. Quant à Pauline Bureau, elle fait naître une féérie qui lui a valu le Molière 2024 de la création sonore et visuelle, ainsi que celui du Jeune public, pour Neige, tandis que Jérôme Deschamps réalise son rêve en donnant corps à l’indémodable Avare de Molière. Un autre monument incontournable de la littérature prendra vie avec la Cie Karyatides qui, grâce à son théâtre d’objets et de figures, fait revivre le Frankenstein de Mary Shelley, alors que le sociétaire de la Comédie-Française Christian Hecq et la plasticienne Valérie Lesort s’associent à nouveau pour imaginer une plongée 20 000 lieues sous les mers des plus spectaculaires. Enfin, de nombreux souvenirs ressurgiront avec l’adaptation par Olivier Solivérès du célèbre Cercle des poètes disparus.
L’originalité du Carré tient aussi à la multiplication des points d’entrée pour le public. C’est ainsi qu’on y trouve Les spectacles à croquer ! véritables sucreries pour l’esprit, des concerts gratuits, une lecture chocolatée en décembre, et tant d’autres surprises…
Dès le 19 sep, Le Carré Sainte-Maxime. Rens: carre-sainte-maxime.fr
photo : Invisibili d’Aurélien Bory © Aglae Bory