Les aliénés du Mobilier National

Les aliénés du Mobilier National

Les objets inutilisés sont-ils condamnés à demeurer dans l’ombre et la poussière ? C’est la question posée l’exposition REMIX, les aliénés du Mobilier National, visible jusqu’au 3 novembre à l’Hôtel des Arts TPM, dans le cadre du volet architecture d’intérieur du festival Design Parade organisé par la Villa Noailles à Toulon.

Dans le cadre d’une démarche écoresponsable et de valorisation de la création contemporaine, le Mobilier national organise depuis trois ans la promotion de designers et artistes dont la mission est d’intervenir sur des pièces de sa collection. Cette collaboration artistique se poursuit à l’Hôtel des Arts de Toulon avec l’exposition REMIX, les Aliénés du Mobilier national réunissant environ 33 artistes designers et architectes d’intérieur

Cette année, les artistes se confrontent aux pièces inutilisées, abîmées ou tombées en désuétude de la collection. Celles-ci se retrouvent rayées des inventaires, et deviennent par conséquent « aliénées ». Ces objets sont donc réinvestis et transfigurés par artistes et designers, ouvrant de nouvelles réflexions sur les techniques, savoir-faire et matières. Désormais pièces uniques, les meubles aliénés, remixés, retrouvent leur statut d’œuvre et réintègrent les collections nationales. Bref, une démarche d’upcycling des ors de la République et de l’Ancien Régime qui associe réflexion écoresponsable et valorisation de la création contemporaine. Parmi les artistes invités, Mathieu Bassée mêle le savoir-faire au luxe, en développant pour Hermès sacs et bagages. Il rejoint en 2015 le Studio MTX et en devient le directeur artistique. Ses créations naissent de la combinaison de techniques issues de la broderie, du tissage, de la tapisserie ou de la maroquinerie – comme le montre la réhabilitation d’un fauteuil pour le Mobilier national. Féru de mobilier, Vincent Beaurin incite quant à lui à la méditation au travers de ses œuvres. Ses sculptures, aux courbes sinueuses et sensuelles, instaurent un dialogue avec le corps, l’espace et les éléments. L’artiste prolonge son travail par la couleur, accentuée par l’utilisation des paillettes de verre, comme dans Inextinguible, une lanterne de style Louis XVI qu’il utilise comme support. De même, Nathalie Talec, ex-présidente du Cnap (Centre national des arts plastiques), travaille sur tous les types de supports, de la sculpture à la performance. Son univers est particulièrement marqué par le froid, la neige et comment s’en protéger. D’où le détournement d’un lit d’enfant du XXe siècle, pièce qui devient un ornement de survie portant justement le nom de J’ai rêvé la nuit verte aux neiges éblouies

Dans une scénographie imaginée par Paul Bonlarron, lauréat du prix Mobilier national Design Parade Toulon en 2022, qui met en scène ces créations dans des salles agencées comme autant de pièces à vivre d’une extravagante demeure, ce joyeux (re)mix tisse, combine et entremêle toutes sortes de liaisons esthétiques et historiques. Ainsi, les pièces considérées aliénées nouent, dans une diversité aventureuse, une variété de voies empruntées à l’histoire et aux pratiques des arts.

Jusqu’au 3 nov, Hôtel des Arts TPM, Toulon. Rens: hda-tpm.fr

photo : Console Consolations (Nathalie Elemento) & lit L’Enfant roi (Mathilde Bretillot), vue de l’exposition Remix, les aliénés du Mobilier National © Luc Bertrand