03 Sep Sois jeune (et belle) et tais-toi
Si Clairette Angot était née au 20e siècle, serait-elle montée sur les barricades de Mai 68 ? C’est un peu le parti qu’a pris le metteur en scène Richard Brunel en remontant La Fille de Madame Angot du belge Charles Lecoq, héritier de Jacques Offenbach dans le domaine de l’opérette. À découvrir à l’opéra de Nice, les 28 et 29 septembre.
C‘est en co-production avec l’opéra Grand Avignon, l’Opéra de Lyon et le Palazetto Bru Zane, et dans le cadre du 23e festival d’opérette et de comédie musicale de la Ville de Nice, que l’Opéra de Nice programme une version relookée de l’opérette La Fille de Madame Angot, une œuvre trop rarement présentée, qui mêle personnages historiques et héros d’opérette.
Madame Angot mère est ce que l’on appelle une « poissarde », une « forte en gueule », qui vit aux Halles à Paris et s’est faite la porte-parole du peuple pendant la Révolution. Sa fille, la belle Clairette (Hélène Guilmette), a hérité de son tempérament et, à la mort de sa mère, est adoptée par les gens des Halles qui lui préparent un avenir qu’ils imaginent heureux en voulant la marier à un perruquier, Pomponnet (Enguerrand de Hys). Mais Clairette est amoureuse d’Ange Pitou (Philippe-Nicolas Martin), un chansonnier contre-révolutionnaire surveillé par la police du Directoire, par ailleurs l’amant d’une influente courtisane, Mademoiselle Lange (Valentine Lemercier).
Si l’histoire, enlevée et nourrie de rebondissements, sert de fil conducteur et de prétexte à un discours sur l’époque mouvementée qui a vu sa création, ce qui fait le sel de cette partition haute en couleur c’est sa vitalité et sa virtuosité, enchainant les « tubes ». Ce qui séduisit à l’époque le public bruxellois, où l’opéra-comique fut créé en 1872 avec un succès énorme, parle encore au public de maintenant, par son actualité tant amoureuse que politique. Et, loin du Directoire, c’est dans l’effervescence artistique et revendicatrice de mai 68, très Nouvelle Vague, que Richard Brunel a situé l’action de l’opérette ! Une création accompagnée par l’Orchestre philharmonique de Nice, que dirigera la cheffe Chloé Dufresne, et le Chœur de l’Opéra de Nice, sous la direction de Giulio Magnanini.
28 & 29 sep, Opéra de Nice. Rens: opera-nice.org
photo : La Fille de Madame Angot © Jean-Louis Fernandez