Art total : un rebond contemporain

Art total : un rebond contemporain

Le Musée International de la Parfumerie de Grasse invite à une nouvelle exploration artistique singulière avec l’exposition Mondes Sensibles : Une histoire sensorielle de l’œuvre d’art totale.

Visible (et bien plus encore) jusqu’au 12 janvier prochain, cette exposition offre la possibilité inédite de relire l’histoire de l’art, avec un focus sur le concept d’art total, à travers la mobilisation de tous les sens. « Le concept historique de l’œuvre d’art totale vit un rebond contemporain. Les artistes, en mettant en mouvement les corps de celles et ceux qui abordent l’art par l’usage des sens dits « pauvres » (l’odorat, le goût ou le toucher), envisagent une sensibilisation globale. Ils et elles permettent l’émergence de nouveaux récits, de nouveaux contes qui, comme souvent, éclairent sur les changements et prises de conscience actuels« , explique la commissaire Sandra Barré.

Aussi, trois jeunes artistes français ont eu carte blanche pour nous entraîner dans d’étonnants Mondes Sensibles. Tiphaine Calmettes crée des sculptures et installations en béton, terre, mousse, lichen et empreintes du vivant. Rêveuse, elle met l’accent sur l’idée de repos, dans une œuvre qui se veut être un sas de décompression. Camille Correas, diplômée des Beaux-Arts de Paris, mêle pour sa part la sorcellerie et le kitsch propre à l’univers fantastique et à la science-fiction. Quant aux sculptures de Florian Mermin, elles puisent dans l’esthétique de l’hybride, du fantasme et du cauchemar… 

Ces trois-là s’inscrivent dans la lignée de la mobilisation sensorielle, remontant au début du XXe siècle, comme le montrent les archives présentées dans une seconde section de l’exposition. Sélectionnées avec soin par Sandra Barré, elles consistent en images, documents et re-créations olfactives des œuvres marquantes de l’histoire de l’art : Alexandre Scriabine, Valentine de Saint-Point, Jean-Pierre Bertrand, Carolee Schneemann, Bill Viola… L’exposition explore comment la dualité entre sensorialité et spiritualité, exploitée par de nombreux philosophes, s’efface aujourd’hui, comment la nouvelle génération, incarnée par les artistes ici mobilisés, envisage une nouvelle forme d’art qui laisse libre cours à l’interprétation. C’est pourquoi Michel Roudnitska et Mathilde Laurent ont souhaité donner vie au projet inachevé d’Alexandre Scriabine, celui d’odoriser ses concerts afin de susciter tous les sens des spectateurs. Il ne faut pas laisser de côté la dimension olfactive de l’histoire de l’art, et espérer alors que les œuvres de Tiphaine, Florian et Camille traverseront les âges. L’exposition nous invite à repenser la manière dont l’histoire de l’art s’écrit et se fige dans le temps. Puisse cette immersion sensorielle enrichir l’expérience artistique et éveiller les sens.

Jusqu’au 12 jan, Musée international de la Parfumerie, Grasse. Rens: museesdegrasse.com

photo : vue de l’exposition Mondes sensibles © Musée International de la Parfumerie de Grasse