01 Oct Frédéric Viale, musique au coeur
Caméléon… C’est le nom du dernier disque de Frédéric Viale. Et c’est aussi le répertoire qu’il jouera le 17 octobre à Mouans-Sartoux – où il est un peu chez lui – pour célébrer sa sortie.
Car c’est bien là qu’il a fait ses classes, à l’Accordéon Club Cannes La Bocca Mouans-Sartoux, auprès de Lucien Galliano, qui n’est autre que le père de Richard Galliano à qui l’on doit la renaissance de l’accordéon dans le monde du jazz. On l’entendra à la Médiathèque, un lieu plutôt intime qui se prête parfaitement à un concert en solo. Car c’est ainsi que Frédéric Viale se présente en ce moment, sur son disque et sur scène.
Caméléon donc… Une image qui évoque bien les appétits très divers du musicien qui va respirer des parfums différents et s’imprégner chaque fois des couleurs, des styles, des climats qu’il traverse : il est partout à sa place, endossant les habits locaux. Il peut ainsi nous faire traverser l’espace et parfois même le temps. De Colombie, il revient avec des tournures de cumbia, dans La Matriarca, composition personnelle qui se souvient de ses voyages. Un coup d’œil au Brésil, et le voilà qui réinvente Cançāo da Tarde, une déambulation poétique aux détours harmoniques imprévus qu’on doit à cet inclassable compositeur qu’est Hermeto Pascoal. Ou alors Moreninha qu’il termine par une coda en hommage à la bossa nova. En descendant davantage sur la carte, on se rappelle l’Argentine et la postérité du tango : on la retrouve avec Tango du sud, qui pourtant commence par un prélude méditatif ne laissant en rien présager la danse ondulante qui suivra. On le voit, Frédéric Viale aime à brouiller les pistes, ou parfois simplement à les juxtaposer. Et dans le morceau qui donne son nom à l’album, la surprise est inverse : on commence par l’ambiance d’un tango énigmatique et langoureux, masqué soudain par une valse inattendue, avant qu’on revienne aux spectres troublants de Buenos-Aires : une belle réussite.
On aura compris que Viale aime l’Amérique Latine, et l’escale Besame Mucho, légère et enlevée le confirme. Mais il aime tout autant la musique de Cinecitta et le romantisme parfois burlesque du cinéma Italien. Quant à son amour du jazz, il se retrouve dans quelques références : Namely you, un standard peu connu et peu joué, ou une belle ballade de Tom Harrell, trompettiste taiseux mais lyrique. Enfin quelques beaux hommages au passé musette de l’instrument, dans une reprise, Nany, ou une composition personnelle, Made in Viale.
Et tout ça avec son seul accordéon ! Il faut dire que son instrument est un modèle qu’on a construit spécialement pour lui et qu’il fait sonner comme un petit ensemble, avec une rythmique insolemment solide au-dessus de laquelle se déploie une ligne mélodique parfaitement libre et aérée. Et parfois quelques infidélités à son partenaire : trois morceaux sont joués au melowtone, instrument récemment inventé, qui sonne un peu comme un harmonica à la sonorité sensuelle et gonflée.
Un caméléon, vraiment ? Oui, mais dont on reconnait pourtant l’identité immédiatement : aucune esbroufe, et une précision, une épure du son qui n’appartiennent qu’à lui !
Caméléon, Frédéric Viale (Diapason), sortie le 11 oct • Concert, 17 oct, Médiathèque de Mouans-Sartoux. Rens : fredericviale.com