01 Oct La nature mène la danse
Faute de clés pour aborder la danse contemporaine, née de Merce Cunningham et rompant avec le ballet classique, il arrive parfois que cet art très actuel désoriente ou perturbe les non-initiés. Pour y remédier, quoi de mieux que d’en faire la découverte dès le plus jeune âge ? Ça tombe bien, octobre recèle deux créations en forme d’ode au vivant.
Les artistes créent-ils différemment pour le jeune public ? Question légitime à laquelle a répondu Marie-Hélène Popelard, maîtresse de conférences en philosophie et en esthétique qui a beaucoup travaillé avec des professionnels du spectacle vivant : « La lutte contre l’infantilisme passe d’abord par le renoncement à l’infantilisation du public. » Cela le chorégraphe Michel Kelemenis l’a bien compris, car dans le cadre d’un spectacle jeunesse, le prescripteur c’est l’adulte ! Fondateur et directeur du KLAP Maison pour la Danse à Marseille, le chorégraphe, qui a déjà imaginé quatre créations adressées à la jeunesse, conçoit ses projets autour de sujets brûlants qui forgent l’actualité et impactent l’avenir de nos sociétés. De quoi donner matière à réflexion – et à plaisir – à toute la famille. Prenez Légende, programmé par Le Pôle : c’est une pièce à la fois drôle et engagée qui questionne notre futur. Un futur où les animaux n’existent plus, où seuls les humains ont survécu à une nouvelle extinction de masse. Sauf que nos amis les bêtes reviennent narguer l’homo sapiens dans un rêve facétieux, entre danse, mime, clownerie et acrobatie. Un bestiaire incarné par 4 danseurs qui rebondissent entre deux univers musicaux, des compositions électro d’Angelos Liaros Copola au Carnaval des animaux de Camille Saint-Saëns.
Une œuvre qu’Émilie Lalande connait bien, elle qui s’y est intéressée dans l’une de ses précédentes créations. Aujourd’hui, c’est à Stravinsky qu’elle s’attaque dans une version personnelle de Petrouchka, en posant une question : qui Holubichka, ballerine romantique et superficielle, choisira-t-elle entre Le Maure, figure du pouvoir et du consumérisme, et Petrouchka, personnage sensible, protecteur de la nature ? Dans une scénographie en forme de pop-up imaginée par l’origamiste Laure Devenelle, un triptyque amoureux se dessine alors et permet d’explorer des thèmes chers à la jeune chorégraphe, friande de détournements d’objets : la place de la femme dans la société et l’écologie. Bref, on a là deux spectacles à plusieurs niveaux de lecture, puisant leur inspiration dans notre rapport au vivant.
Légende, 19 oct 17h, Le Pôle, Le Revest. Rens: le-pole.fr
Petrouchka, ou le choix d’Holubichka, 17 oct 17h, Le Forum, Fréjus. Rens: theatreleforum.fr
photo : Légende © Agnès Mellon