01 Oct Monaco tire deux trésors de l’oubli !
Connaissez-vous L’Ancêtre et La Rondine ? Ces deux œuvres de Camille Saint-Saëns, et de Giacomo Puccini, ont été créées au début du siècle dernier à Monaco. Méconnues, elles sont aujourd’hui programmées en version concert : l’une grâce à l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo et l’autre à l’Opéra de Monaco. Des trésors passés sous silence, aujourd’hui réhabilités pour une entreprise toujours passionnante à découvrir…
Explorer un patrimoine quelque peu délaissé est une des missions majeures des grands orchestres. La collaboration entre celui de Monaco, l’OPMC, et le Palazzetto Bru Zane se poursuit donc autour de L’Ancêtre, initialement créé au Théâtre de Monte-Carlo en 1906 et dédié au Prince Albert Ier, grand ami de Camille Saint-Saëns, le maître du lyrique français dont Samson et Dalila est l’un des opéras hexagonaux les plus joués dans le monde. Le chant envolé et l’intensité dramatique de la soprano américaine Jennifer Holloway seront soutenus par 5 autres chanteurs et le Chœur Philharmonique de Tokyo. Nous voilà en plein drame méditerranéen, quand une ancêtre corse refuse obstinément de mettre fin à une vendetta opposant deux familles. Désir de vengeance et passion amoureuse se déchainent dans ce drame lyrique salué jadis par la critique, qui fera l’objet d’un enregistrement pour la collection Opéra français du Bru Zane Label, à l’instar de Déjanire, donné à Monaco en 2022, dont l’enregistrement, paru en avril 2024, a connu un vif succès.
C’est en ouverture de saison, dans le cadre du Festival Centenaire Puccini que l’Opéra de Monaco programme La Rondine (en italien L’hirondelle), également en version de concert, avec l’Orchestre de l’Opéra Carlo Felice de Gênes. Et dans le rôle de Magda, la soprano que le monde entier s’arrache : Pretty Yende, la star sud-africaine qui a vu sa notoriété décupler après sa prestation lors du couronnement de Charles III à l’Abbaye de Westminster. La création mondiale de La Rondine eut lieu à Monte-Carlo, le 27 mars 1917 et a parfois été comparée à La Traviata, sans doute du fait de son livret qui met en scène une charmante courtisane osant donner une dernière chance à l’amour en quittant son riche protecteur pour un jeune homme séduisant. Mais alors qu’elle poursuit sa nouvelle vie, son passé ne tarde pas à la rattraper et les conventions sociales la contraindront à sacrifier son amour. Puccini avait décidé d’écrire son seul opéra-comique complet dans le style de Der Rosenkavalier, « en plus divertissant et plus organique« . Il ne put présenter l’œuvre à Vienne en raison de la guerre, d’autant que son éditeur habituel refusa la partition qu’il jugeait trop « Lehar » (entendez opérette). Mais son rival, l’éditeur Sonzogno, en organisa la création en mars 1917 au Grand Théâtre de Monte-Carlo, en « territoire neutre ». Malgré l’accueil chaleureux reçu à son retour en Italie et dans les théâtres, cette perle de l’œuvre tardive du compositeur s’est vite évanouie du répertoire. Elle est restée confidentielle, en regard des autres œuvres de Puccini.
L’Ancêtre, 6 oct, Auditorium Rianier III, Monaco. Rens: opmc.mc
La Rondine, 30 oct, Opéra Garnier, Monaco. Rens: opera.mc