Nul ne peut forcer la destinée

Nul ne peut forcer la destinée

Dominée par l’aria que chante Leonora à l’acte ll, et par le thème du Destin, l’ouverture très expressive de La Force du destin – sans doute la plus célèbre de Verdi – annonce une tragédie. Mais finalement quel opéra ne connait pas une fin tragique ?

Programmé au Zénith par l’Opéra de Toulon, La Force du destin témoigne particulièrement de l’inéluctable. Quoi que l’on fasse pour le détourner, l’empêcher, le contrer, le destin est plus fort que tout. Cette histoire extravagante, ce grand mélodrame, d’après le livret de Francesco Maria Piave, en est la démonstration.

Après la mort de Cavour, qui mit fin à la carrière politique du compositeur, Giuseppe Verdi répondit à une commande venue du froid : grand succès devant le tsar Alexandre II de Russie, à Saint-Pétersbourg en 1862 – année d’inauguration de… l’Opéra de Toulon ! La maison varoise n’avait plus programmé cette œuvre depuis 2002. Les amateurs redécouvriront donc cette fresque, passion déchirante d’amants contraints de fuir, dans une mise en scène de Yànnis Kôkkos, et sous la direction musicale de Victorien Vanoosten

Amoureuse de Don Alvaro (Konstantine Kipiani), Donna Leonora (Yunuet Laguna) veut fuir avec lui. Mais son amant tarde à la rejoindre, un retard fatal à son père (Jacques-Greg Belobo)… Destin ou coïncidence ? Le drame naît dès cet instant, et cet Opéra extravagant ne cesse d’afficher des rebondissements terribles. Les amants s’enfuient, séparément. Chacun croit l’autre mort. On les retrouve déguisés, ici dans une auberge, là dans un monastère… Chassé-croisé : poursuivis par le frère de Leonora (Stefano Meo) qui veut venger son père, l’un et l’autre parviendront-ils à échapper à leur destin ? Lorsque Leonora sonne à la porte d’un monastère, la scène entre elle et le père supérieur (Vazgen Gazaryan) est l’une des plus belles qu’ait jamais écrit Verdi, dans la lignée des grands duos. Mais la gitane Preziosilla (Éléonore Pancrazi) annonce que la guerre vient d’éclater, que les hommes doivent aller au combat, alors que, mêlant sa prière à celle des pèlerins, Leonora implore le ciel de lui épargner la vengeance de son frère… Mais le destin veille…

18 & 20 oct, Zénith de Toulon. Rens: operadetoulon.fr 

photo : La Force du destin © Teatro Regio di Parma