01 Oct Odyssée dans le monde du court !
Du 4 au 11 octobre, la déferlante Un festival c’est trop court inondera les salles niçoises de courts-métrages européens. Une semaine durant, le public pourra découvrir les futurs talents de demain et célébrer la Grèce, à l’honneur de cette 24e édition, avec notamment une masterclass exceptionnelle de Costa Gavras, et une jeune génération de cinéastes helléniques qui racontent l’histoire contemporaine de leur pays. Une édition résolument tournée vers l’avenir, commentée par Laurent Trémeau, directeur artistique d’Héliotrope, association fondatrice du festival.
L’affiche du festival conçue par Julie Hiet annonce la couleur : ciel bleu azur qui tranche avec la lumière et les façades immaculées de Santorin, comme une invite au pays et sa culture méditerranéenne. « Hormis la compétition, c’est un retour aux origines sur la thématique majeure du festival. Et quand j’ai su que Nice était jumelée avec Thessalonique, la ville du cinéma, et qu’en 2024, c’était les 60 ans du jumelage, le choix s’est imposé« , raconte Laurent Trémeau.
Fiction, animation, documentaire, expérimental… Sur 1360 films inscrits, 76 oeuvres sélectionnées venant de 18 pays Européens, 3 pays extra-Européens, réalisées par 97 cinéastes, dont 43 réalisatrices. Un festival c’est trop court, créé il y a 24 ans et classé en catégorie 1 par le CNC parmi les festivals français majeurs, est un formidable miroir des tendances de la création cinématographique européenne, découvreur de talents et initiateur de rencontres professionnelles. L’association a rejoint depuis 2 ans La Bande passante, collectif qui, par leurs événements, assurent la diffusion, la création et la production dédiées aux images fixes et en mouvement et aux sons.
Cap sur la Grèce
Préparez-vous, la session 2024 sera intense, avec notamment un Panorama grec, présenté par Sophia Georgiadou, coordinatrice du Festival de Drama. Ouverture à la Villa Arson, le 4 octobre, avec une première mondiale du film Mauve de Jo Kapralou, en présence de l’équipe de tournage, suivie d’un grand buffet grec. Homologues, journalistes et étudiants révéleront la nouvelle génération de cinéastes grecs. Voici quelques éléments de ce Panorama grec.
Carte blanche sera donnée au festival Drama (Thessalonique), justement, LE festival international du court de Grèce, le 6 octobre. « On est content, car l’université de cinéma la plus importante en Grèce est à Thessalonique. Et le responsable du département cinéma sera là toute la semaine. » Le Centre du Cinéma grec présentera aussi 2 programmes pour 9 films majeurs de son catalogue 2023-2024. Six cinéastes seront là pour échanger avec le public après la projection des films. Puis les courts des étudiants de Thessalonique (9 et10 octobre) : une délégation d’étudiants de l’école de cinéma qui célèbre ses 40 ans présentera leurs films, déjà primés à l’international, tandis que se tiendront des rencontres avec les universitaires niçois, plus les étudiants de la Villa Arson et de l’ESRA.
La Cinémathèque de Nice, associée au festival, programmera elle aussi quatre longs métrages de cinéastes grecs contemporains : Pauvres créatures de Yórgos Lánthimos, Animal de Sofia Exarchou, Dodo de Panos H. Koutras, et l’inédit Kyuka : Before Summer‘s End de Kostis Charamountanis, présenté au dernier Festival de Cannes. « C’est la dernière nouvelle vague grecque qu’ils appellent la nouvelle vague Bizarre. C’est un peu baroque, ça tire vers le fantastique, l’absurde. Il y a vraiment une pâte dans ce cinéma grec parce qu’il y a des films très contemplatifs, avec une haute ambition technique. » La Cinémathèque recevra par ailleurs Costa Gavras, Président de la Cinémathèque française depuis 2007, pour une masterclass, le 5 octobre. Une session suivie de la projection de l’épisode 3 de la série documentaire Le siècle de Costa Gavras de Yannick Kergoat, consacré à l’histoire du film L’Aveu. La filmographie engagée et politique du cinéaste franco-grec observe depuis des décennies les soubresauts d’un monde en lutte pour la démocratie.
Les compétitions
Quatre compétitions sont au programme. Européenne (31 films), la compétition officielle ; Animation (21 films), du dessin à la 3D, un panorama des dernières créations étudiantes venues de toute l’Europe ; Expérience (13 films), avec une sélection hybride explorant vidéo d’art, essai, documentaire de création, l’animation et créations hors-norme ; et Courts d’ici (11 films), soit les productions locales de la région Sud et de Corse. « On privilégie la diversité. Il y a des regards perçants dans les courts d’aujourd’hui, c’est puissant, comme par exemple Wesh Rimbaud, l’histoire d’un gars de banlieue, intelligent, qui veut et va se barrer du quartier, mais il adore ses potes. Le film ne fait pas dans la caricature, il est magnifique… On est aussi un des rares festivals aussi à prendre des films allant jusqu’à 1h de durée. Cette année, on a sélectionné par exemple un premier film de 55 minutes« .
Les avant-premières
Nous aurons ici une sélection « de longs métrages de cinéastes qui sont venus à Nice avec leurs courts, qui sont notamment passés à Londres et que j’ai aimé. (…) J’ai pioché cette année à Cannes, dans une sélection que j’aime bien, ACID, la plus indépendante« . Les coups de cœur de Laurent Trémeau : Ce n’est qu’un au-revoir, « un docu génial » de Guillaume Brac et Fotogenico de Marcia Romano et Benoit Sabatier, « fiction un peu punk, bien déglinguée« . Des projections en présence des cinéastes.
Un marché du film en pleine expansion
Un lieu où nombre de projets naissent. À l’image de Lola Lefèvre, cinéaste de film d’animation, invitée en 2023, et sa rencontre sympa avec Esteban, leader des Naive New Beaters, qui débouchera sur un clip que l’on verra cette année. « De plus en plus de monde vient aux rencontres et ateliers, comme cette délégation marseillaise Les Producteur.trice.s associé.e.s de la Région Sud (LPA). La situation de Nice pour la production n’est pas celle de Marseille, ils ont des moteurs comme Guedigian qu’on n’a pas ici, je ne sais pas pourquoi. Mais on a pas mal évolué. Grâce à la commission du film 06, de nombreux producteurs se sont installés, il y a les réseaux professionnels maintenant, de comédiens, de techniciens, d’auto-réalisateurs surprenants qui se sont créés comme des antennes maritimes. C’est pour cela qu’on a créé une section Courts d’ici, pour mettre en avant les talents du sud, la Corse compris. » Le Nice Short Meeting, journées dédiées aux professionnels, aura cette année pour thème La post-production en Région Sud. « On a pris en compte le sujet du moment avec l’arrivée des repreneurs de la Victorine qui sont des spécialistes de la post production et des VFX (effets visuels)« . Invité spécial : Gautier Rejou, responsable des achats et conseiller des programmes du pôle court-métrage de France Télevision. La télévision, alliée indispensable pour le montage financier d’un film !
Les soirées spéciales
Des soirées sont au programme, avec les partenaires Panda Events, Nice Dance film et Ciné Santé. Concert des Naive New Beaters au 109, le 5 octobre, dont Lola Lefèvre, citée plus bas, a réalisé le clip de leur dernier album. Le 7e Nice Dance film, conçu par le chorégraphe Eric Oberdorff de la Cie Humaine : 11 films à voir, le 6 octobre, dont Vie-nu-du, création de Low Air Vilnius City Dance Theatre. Soirée Scopitone (projections de clips musicaux), suivie de La Battle de Courts, avec un palmarès à l’applaudimètre, pour une soirée 100% décibels, le 9 octobre. Ciné Santé : projection de courts sur la complexité de l’altérité en situation de maladie, en présence de Ludovic JeanJean, réalisateur de 10G. Et en clôture, au Théâtre Lino Ventura, l’ovni Thomas de Pourquery, artiste inclassable en mode jazz-pop-psyché. Une navette spécialement affrétée pour le public partira du cinéma Variétés à 21h !
La transmission
Heliotrope mène depuis longtemps des actions auprès des plus jeunes, toute l’année, avec formations, créations et rencontres avec des professionnels. « On est la plus grosse structure d’éducation à l’image de Nice et même du département. Avec les dispositifs école et matériel cinéma, il y a à peu près 30 000 élèves par an, d’écoles et de collèges, qui passent devant nos écrans ou dans nos ateliers… On a plein d’outils, pour faire du montage, du mashup, des photos pour faire des affiches de cinéma. On réalise des films avec eux, dans les établissements et pendant le festival… Les séances scolaires s’adressent à 2000 enfants et jeunes, de la maternelle au lycée !« , conclut Laurent Trémeau.
4 au 11 oct, lieux divers, Nice. Rens: ufctc.com
photo : Un festival c’est trop court 2023 © Héliotrope