01 Oct Pour exister encore
Le Carré Sainte-Maxime et le Palais des Festivals à Cannes accueillent prochainement la dernière création d’Angelin Preljocaj : Requiem(s).
Le chorégraphe français étonne depuis près de quatre décennies, sans jamais décevoir, en imaginant des univers qu’il cisèle, en quête d’une beauté à la fois contemporaine et universelle. Il fascine aussi bien par la sensualité de ses pas de deux que par ses ensembles qui évoluent en parfaite harmonie grâce au travail mené avec les danseurs de sa compagnie installés au Pavillon Noir d’Aix-en-Provence. Du conte à l’abstraction en passant par la confrontation aux grandes pièces du répertoire classique qu’il ré-imagine, Angelin Preljocaj n’affiche pas moins d’une soixantaine de pièces à son actif.
Pourtant Requiem(s), sa toute dernière création, prend une dimension particulière dans le cheminement de l’artiste. Il n’est jamais anodin de parler de la mort, même si de tout temps elle a offert une thématique donnant lieu à des œuvres grandioses telles les Pietà en sculpture. Son vécu personnel l’a mené à s’emparer de nombreuses réflexions qui sous-tendent ce ballet dans lequel les émotions les plus paradoxales viennent se confronter. Chez Angelin Preljocaj, la messe des morts, puisque tel est le sens d’un requiem, se veut multiple comme la diversité de ce que l’on ressent à la perte d’un être cher. Après l’impression d’être foudroyé, anéanti, chaque individu va, à son rythme, faire son deuil et réapprendre à sourire dans le souvenir de celui qui n’est plus là. Requiem(s) porte tous ces états qui nous percutent en prenant corps par le biais des danseurs. Les tableaux s’enchaînent comme autant de rituels à travers les sociétés dont chacune appréhende la disparition selon ses propres codes, parfois même de façon singulière.
Quant à la mosaïque sonore qui constituent la bande-son du ballet, elle permet de faire exploser la profusion des ressentis, le chorégraphe s’autorisant à faire se côtoyer Mozart, Bach, Ligeti, des chants médiévaux et le metal de System Of A down. Car, au-delà du chagrin, le chorégraphe entend bien célébrer la vie, le miracle d’exister encore.
12 oct, Carré Sainte-Maxime. Rens: carre-sainte-maxime.fr
30 nov, Grand auditorium, Palais des Festivals, Cannes. Rens: palaisdesfestivals.com
photo : Requiem(s) © Didier Philispart