01 Oct Robert Guediguian, passionnant et passionné
Tandis que la ville de Nice accueille début octobre le festival Cinéroman (voir La Strada n°369) et Un festival c’est trop court (voir ci-contre), la Cinémathèque offre une rétrospective autour de l’œuvre de l’emblématique cinéaste marseillais Robert Guédiguian, jusqu’à la fin du mois.
Alors qu’il avait déjà bouclé une demi-douzaine de films depuis Dernier été, co-réalisé avec Frank Le Wita en 1981, ce cinéaste généreux, attachant et militant s’est fait un nom auprès du grand public avec Marius et Jeannette en 1997. La divine surprise de cet énorme succès constituait une belle reconnaissance d’un parcours déjà remarquable, mais encore peu reconnu. Un public qui se faisait de plus en plus large pour L’armée du crime (2005), qui fut projeté en septembre à l’issue d’une masterclass du réalisateur, Une histoire de fou (2015) ou Gloria Mundi (2019), pour ne citer que ceux-là…
Le « cas » Guédiguian est tout à fait spécial, voire unique, dans le milieu du cinéma français et même international. Une fidélité sans faille, près de 40 ans, à une troupe de comédiens autour d’un trio magique et incontournable composé de Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin et Gérard Meylan, présents dans plus d’une vingtaine de films et, plus récemment, rejoints par la jeune génération : Anaïs Demoustier, Lola Naymark, Grégoire Leprince-Ringuet, Robinson Stevenin, Adrien Jolivet, et pour Twist à Bamako (2021), Alice Da Lutz. En même temps, la fidélité du cinéaste s’étend aussi aux techniciens : le chef opérateur Pierre Milon, l’ingénieur du son Laurent Lafran, le co-scénariste Jean Louis Milesi, relayé par Serge Valetti, et le monteur Bernard Sasia furent de toutes les aventures – ce dernier réalisant lui-même, en 2013, Robert sans Robert, savoureuse petite fantaisie sous la forme d’un documentaire dans lequel il « démonte et remonte » le cinéma de Guédiguian.
Son dernier opus, Et la fête continue ! fut d’ailleurs l’occasion de voir une partie de cette « grande famille » se réunir à nouveau du côté de la cité phocéenne. Christophe Kantcheff, dans son ouvrage sobrement intitulé Guédiguian (Éditions de l’Atelier) écrira : « Guédiguian a composé des films d’humeurs variées, aux tonalités différentes, aux émotions d’intensités diverses, établissant entre eux des réseaux de correspondances complexes, retravaillant ses motifs tout en en inventant d’autres« . L’occasion est donc belle de se mettre à jour avec la carrière d’un cinéaste, passionnant et passionné, passé maître dans l’art du réalisme social, attaché à ses valeurs de toujours, comme il l’est à sa ville et à son quartier de l’Estaque.
Jusqu’au 22 oct, Cinémathèque de Nice. Rens: cinematheque-nice.com
photo : Robert Guediguian © Stephan Vanfleteren