Feux d’artifice numérique

Feux d’artifice numérique

Pour sa 7e édition, le festival Artifice numérique, événement proposé par Le Hublot au 109, en partenariat avec le festival OVNi, s’intéresse aux créations d’artistes numériques, et plus particulièrement, pour cette édition titrée Intelligence ! et aux processus d’interactions entre humains et robots humanoïdes.

Pendant trois semaines, le programme déroule d’abord un temps de workshop (gratuit sur inscription) dédié aux outils de création 3D dans un environnement VR, puis une quinzaine d’expositions ponctuée de performances, d’ateliers de création 3D (dès 12 ans), d’un débat avec les jeunes du média participatif Ligne16 et Culture Pixelle, plus une conférence sur l’IA, insistant sur ce qu’elle a d’encourageant plutôt que de l’aborder comme une menace incompréhensible et incontrôlable.

Avec Effet de champ, l’artiste et compositeur Stéphane Bissières mêle ses programmes sonores au magnétisme et figure une vie artificielle qu’il expérimente via les nanofluides dans de véritables ballets, où les algorithmes endossent le rôle de partition inaudible, purement visuelle. A noter sa performance électrovisuelle, le 30 novembre en soirée. Dans l’univers de Thomas Garnier, l’installation Taotie se base sur une réinterprétation technologique du théâtre d’ombres, où fantômes et apparitions fantasmagoriques laissent place à des sculptures filaires et grillagées d’apparence infinie, inspirées de l’architecture des espaces de stockage et lieux de distribution entièrement automatisés, fonctionnant sans lumière et sans interruption, produisant une étrangeté et une démesure quasi surréaliste. L’installation vidéo IA de Claire Malrieux, Dreambank, œuvre graphique générative sur écran, consiste en l’analyse des récits de rêves humains dans des banques de données où « erre » un programme qui génère, par le dessin, un récit continu d’histoires et de fictions. Face aux capacités exponentielles des machines qui apprennent d’elles-mêmes, France Cadet entrevoit un monde de robots dans une installation vidéo au titre annonciateur : Aujourd’hui les IA et demain les robots. Extrapolant les prouesses déjà réelles des utérus artificiels et bientôt d’ectogenèse (grossesse à l’extérieur du corps), elle crée une matrice artificielle nourricière dans laquelle des bébés robots sont en gestation. À ceux qui affirment ne croire que ce qu’ils voient, l’installation Narcissus du collectif Insuto – David Coignard et Laurent Stoutzer – mettra en péril leurs certitudes. Dans un reflet d’eau, miroir narcissique par excellence, notre image se meut malgré nous, et file sans que notre propre volonté n’ait l’occasion d’intervenir, nous qui sommes tant habitués à notre reflet chéri.

Événement dans l’événement, le 23 novembre : une conférence suivie de la performance visuelle et musicale du collectif Shapes of emergence, Water Organoids, où, telles des marionnettes, des expériences de physique des formes sont menées aux côtés de musiciens improvisateurs. Une aventure au cœur de la matière, avec une force poétique bien réelle celle-là, imaginée dans les labos de Chicago où la musique expérimentale est reine.

15 au 30 nov, L’Entrepont – Le 109, Nice. Rens: lehublot.net/artifice2024

photo : Taotie, installation cinétique et architecturale de Thomas Garnier © DR