30 Oct Une « histoire de l’histoire de l’art »
Cet hiver, le musée des Beaux-Arts de Draguignan revient sur un pan méconnu de l’histoire de l’art, à travers l’exposition Passion Renaissance.
Au XXe siècle, deux historiens allemands, Ernst Kris et Otto Kurz, s’intéressent aux mythes créés autour de la figure de l’artiste, et publient un essai qui doit beaucoup au contexte intellectuel particulier de l’histoire de l’art à Vienne dans les années 1930, dont les deux hommes comptent parmi les plus éminents représentants. Une thématique que se propose d’explorer l’exposition Passion Renaissance, à travers un corpus de 27 œuvres françaises et italiennes remontant à la première moitié XIXe siècle.
C’est à cette époque que se développe un enthousiasme autour de la représentation des épisodes de la vie des artistes de la Renaissance, dû notamment à la (re)découverte de grands textes (auto)biographiques, composant un vivier d’anecdotes – vraies ou farfelues. On pense notamment Giorgio Vasari (1511-1574), considéré comme l’un des pères de l’histoire de l’art, qui a légué à la postérité Les Vies des plus excellents peintres, sculpteurs et architectes. Ces écrits offrent une source iconographique inestimable et contribuent à la constitution d’une sorte de mythologie des grands peintres. « Si, dans son propos, l’exposition s’appuie sur les légendes construites autour de figures de la Renaissance, son ambition est aussi d’en saisir les raisons et les effets. Car l’engouement que suscite cette période de l’Histoire est motivé, durant la première moitié du XIXe siècle, par la volonté de se réapproprier un passé que la Révolution française a considérablement mutilé”, indique Grégoire Hallé, commissaire de l’exposition, nommé en 2021 à la direction du musée des Beaux-Arts de Chartres après avoir dirigé la réhabilitation de celui de Draguignan.
Passion Renaissance aborde ainsi la représentation de la vie de plusieurs artistes lors de la Renaissance française et italienne, tel Jean-Auguste-Dominique Ingres peignant Léonard de Vinci expirant dans les bras de François Ier. « Notre intention est de présenter de manière originale une histoire de l’histoire de l’art » explique Yohan Rimbaud, conservateur en chef du musée. L’exposition, qui s’inscrit dans une sorte de « Renaissance-mania » qui traversa l’Europe et le XIXe siècle, souligne également le désir partagé à l’époque de renouer avec un passé, réel ou rêvé, grâce à une lecture romancée et mythifiée des grandes figures de la Renaissance. Par ailleurs, nombreux sont les prêts de musées italiens accrochés aux cimaises du musée, évoquant la vie d’un Raphaël par exemple. Le parcours, volontairement bilingue, suit une logique chronologique de la vie des artistes : naissance, carrière, décès. Visiblement, aujourd’hui encore, l’engouement autour de la légende des artistes de la Renaissance continue d’attiser l’intérêt et la curiosité !
16 nov au 23 mars, Musée des Beaux-Arts de Draguignan. Rens: mba-draguignan.fr
photo : François Ier reçoit les derniers soupirs de Léonard de Vinci, Jean-Auguste-Dominique Ingres, 1818, Petit Palais Palais, 40×55,5cm, huile sur toile © Paris Musées / Petit Palais musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris