Bestiaire poétique et sonore

Bestiaire poétique et sonore

Une exposition qui interroge sur la protection de la nature, le recyclage et la biodiversité. Voilà ce que propose Espace culturel départemental Lympia à Nice, en accueillant Anima(ex)Musica du Collectif Tout reste à faire.

Redonner vie à des instruments de musique en les transformant en arthropodes, en insectes fantastiques, tel est le projet Anima(ex)Musica, imaginé il y a 10 ans par le Collectif Tout reste à faire, constitué de Vincent Gadras, machiniste de théâtre, et Mathieu Desailly, graphiste, tous deux associés au compositeur David Chalmin

Mathieu Desailly fréquente les scènes – opéra, théâtre, cirque ou danse – et signe les affiches de festivals ou de formations musicales depuis longtemps ; il est avec ses crayons et ses installations, au plus près du spectacle vivant. Quant à Vincent Gadras, il invente les moyens techniques de l’illusion scénique pour le théâtre et la danse. Près de Rennes, les deux hommes stockent dans un entrepôt des instruments délaissés, chinés, donnés, qu’ils transforment au gré de leur imagination en créatures animées et sonores, dont certaines peuvent mesurer jusqu’à deux mètres et peser leur poids. 

Drôles de bestioles que ces insectes, fabriqués à partir de morceaux d’instruments recyclés. « Démonter, puis trier et ranger ces pièces détachées me donne d’emblée plein d’idées« , affirme Mathieu Desailly. Ce sont eux qui inspirent sa forme à la bête : accordéon et trompette pour un phasme, pianos qui génèrent une sauterelle ou un scolopendre, araignée mandoline, batteries et harmoniums qui deviennent pattes, corps, antennes… Puis intervient Vincent Gadras, qui met en mouvement les pièces assemblées : vibrations, déplacements, claquettes, poils qui se hérissent, ouvertures, fermetures… Ces êtres hybrides sont saisis de mouvements avant d’être associés à une partition électroacoustique signée David Chalmin, qui se déclenche à l’approche du visiteur. Une façon de redonner vie à des instruments dont la vocation est d’être joués !

Le projet croise deux univers, celui de l’art contemporain et de la science. Les créateurs prennent conseils auprès de scientifiques pour que leurs créatures prennent sens, sans toutefois que le réel prenne le pas sur l’imaginaire : fondamentale est la forme, la recherche de l’alliage des matériaux, entre bois et métal. Une façon de s’intéresser à ces vies minuscules qui souvent suscitent le dégoût, mais qui, magnifiées par ces sculptures, deviennent une façon d’interroger notre monde en déclin et de rappeler qu’elles sont essentielles à l’équilibre de la biodiversité.

Jusqu’au 26 jan, Espace culturel départemental Lympia, Nice. Rens: galerielympia.departement06.fr

photo : vue de l’exposition © Département 06