Ça pourrait commencer ainsi

Ça pourrait commencer ainsi

À Toulon, la Galerie du Canon TPM met actuellement à l’honneur l’artiste polymorphe Patrick Sirot, auteur, dessinateur, illustrateur, plasticien, et enseignant à l’école supérieure d’art et de design de Toulon Provence Méditerranée (esadtpm).

L’exposition, intitulée Ça pourrait commencer ainsi en référence au célèbre ouvrage de Georges Perec, La vie mode d’emploi, nous fait comprendre quelque chose : Patrick Sirot dessine comme il parle et écrit comme il dessine. Lorsque l’on étudie ses travaux, on suit les traces d’un bestiaire où les hommes cherchent leur place, désorientés. Lignes claires et silhouettes molles représentent des personnages exclusivement masculins : têtes folles et bouches bée, parfois songeuses, bras ballants prêts à s’écrouler, échines courbées comme des points d’interrogation et tous muets du fait de leur étonnement, de leur désarroi, ou de leur inquiétude.

Les dessins grouillent et prolifèrent au sein de la galerie, et proposent trois récits, dans trois espaces distincts : la série Les Locataires, toujours en référence à Perec, conclue par la maquette d’un palier d’appartement réalisée par Camille Sart, ancien élève de l’esadtpm, et la série Poor Little Circus, déclinée tout d’abord en dessins sur des bâches plastiques et évoquent ces affiches faisant autrefois la promotion de spectacles de cirque, voire de freaks, puis présentée dans la grande salle telle une parade de petits personnages posés sur des étagères de papier.

Des dessins, l’artiste en livre aussi ponctuellement à la presse, chez Siné Hebdo notamment. Des œuvres qui disent plus que les mots, parfois même avec davantage de force. Le journal se comprend comme un espace de rencontre entre textes et images. N’est-ce pas Mallarmé qui comparait la page de presse à la façade d’un immeuble : rez-de-chaussée, ornements, placards… Une façade qui conduit Patrick Sirot à l’écriture. Un artiste dont la « parole » est fascinante – il proposera d’ailleurs une lecture performance le 13 décembre – et donne lieu à un autre langage, incarnant la figure du poète, tel un Rimbaud écrivant dans une Saison en enfer : « J’ai essayé d’inventer de nouvelles fleurs, de nouveaux astres, de nouvelles chairs, de nouvelles langues. »

Jusqu’au 4 jan, Galerie du Canon TPM, Toulon. Rens: metropoletpm.fr

photo : vernissage de l’exposition de Patrick Sirot © Galerie du Canon TPM