03 Déc Frankenstein, monstre-toi !
La Cie Karyatides revisite le mythe de Frankenstein, tiré de l’œuvre de Mary Shelley, sous la forme singulière de l’opéra et… du théâtre d’objet. Mais ne vous fiez pas aux apparences, ce spectacle s’adresse à tous, des plus jeunes (dès 10 ans) aux moins jeunes.
Commençons par une mise au point : contrairement à la croyance populaire, Frankenstein n’est pas la créature horrifique géante et verdâtre. Frankenstein, c’est ce scientifique un peu fou, acharné qui s’engage corps et âme dans son obsession de découvrir le mystère de la vie afin de pouvoir la donner à son tour. Mais c’est aussi, et surtout, l’histoire d’un petit garçon marqué par le décès de sa mère et qui n’a jamais pu en faire le deuil. Aussi, dans leur nouveau spectacle, Karine Birgé et Marie Delhaye, à la tête de la Cie Karyatides, ont décidé de concentrer leur narration sur l’histoire de l’homme et du petit garçon derrière la créature. Le rideau s’ouvre sur Victor Frankenstein qui revient sur l’histoire de sa vie, de sa jeunesse avec sa sœur Elizabeth au décès prématuré de sa mère, jusqu’à son projet fou de défier les lois de la nature et de la mort elle-même en ramenant les morts à la vie.
Après Carmen, Madame Bovary et Les Misérables, la Cie Karyatides quitte sa zone de confort pour cette nouvelle adaptation : s’emparer de l’œuvre de Mary Shelley c’est choisir un univers fantastique, loin de son répertoire habituel. Et tout comme pour Carmen, la troupe place le répertoire opératique au centre de cette création en regroupant sur scène deux comédien.ne.s, une chanteuse lyrique et un pianiste. Elle revisite le mythe, en propose une lecture singulière à la fois profonde, complexe, imagée et chantée. Sur scène, Victor Frankenstein, sa mère, sa sœur, des scientifiques, la créature, défilent parmi d’autres et racontent, commentent, vivent, cherchent, souffrent, rient.
En mêlant à l’opéra, la marionnette et le théâtre d’objets recyclés ou chinés, à leurs pièces, la Cie Karyatides laisse la place à l’imaginaire et à ce qui nous reste de notre âme d’enfant. En résulte un Frankenstein sous forme de critique progressiste de la science, qui interroge avec justesse ce que sont (ou ce que devraient être) les limites humaines en termes de justesse, de justice, de responsabilité et d’engagement.
14 jan, Auditorium de la Dracénie – Pôle Culturel Chabran, Draguignan. Rens: theatresendracenie.com
21 jan, Carré Sainte-Maxime. Rens: carré-sainte-maxime.fr
24 jan, Théâtre de la Licorne, Cannes. Rens: cannes.com
photo : Frankenstein © Marie-Françoise Plissart