« J’suis encore fâché ! »

« J’suis encore fâché ! »

Tels sont les premiers mots lâchés par Reuno dans le single qui annonçait la sortie du 11e album de Lofofora, Cœur de cible, paru cet automne. Le public pourra en témoigner, le 5 décembre à l’occasion de leur concert au Stockfish à Nice.

Je lisais récemment quelques commentaires sur la dernière prestation de Lofofora au Hellfest, que certain.e.s estimaient « trop politique »… Alors, je sais bien que les réseaux (a)sociaux sont de véritables poubelles dans lesquelles les rageux aiment y déverser leur haine, mais quand même ! Il faut être sacrément c** pour penser qu’un concert de Lofo n’est qu’un simple moment d’exaltation punk aux émanations metal. Il l’est, cela ne fait aucun doute. Pourtant Lofofora, c’est beaucoup plus que de la musique, c’est un engagement constant, qui n’a jamais cédé au chant des sirènes. Reuno et sa bande lui préférant les vociférations primaires ! « Certains me voient trop radical, les autres me trouveront ridicule, en révolte depuis l’école et jamais de ceux qui reculent« , chante-t-il dans l’excellent single La machette, sorti en juin dernier, juste avant les élections surprises de Son Altesse Macron. Un morceau mis en image, qui attaque avec un hurlement qui va bien, et ces mots : « J’suis encore fâché ! ». On y voit alors Reuno et sa bande, en costard, faire campagne dans la rue : ils ne sont clairement pas contents et aimeraient « trancher à la machette les privilèges et les frontières ». 

D’aucun.e.s diront que Lofo tourne en rond depuis plus de trois décennies – pour l’anecdote, c’est par chez nous, du côté d’Antibes, que Reuno a rencontré le bassiste Phil Curty lors d’un concert d’Iggy Pop en 1989 –, mais peu de choses ont véritablement changé au cœur de cette époque… Ce que le groupe proclame dans Konstat 2024, dont le clip nous replonge dans les années 80, quand beaucoup pensaient que le XIXe siècle serait forcément mieux : « Il faut croire qu’on n’apprend jamais rien de nos erreurs… » D’autant que par les temps qui courent, se souvenir serait plus que salutaire !

Ceux n’ont rien compris à ce groupe devraient donc se mettre ça dans la tête : Lofofora ne baissera jamais la garde et continuera d’envoyer de grosses mandales sonores à ceux qui font en sorte que le système ne profite qu’à une poignée de femmes et d’hommes. Ce qui, du reste, n’empêchera pas le quatuor de continuer à faire la fête avec son public, envers et contre tout… Parce que tout bien considéré, on a toujours une raison d’être malheureux. Alors, profitons ici et maintenant : « Baise ta vie, fais-là jouir« , chantait Reuno en 1994 dans leur 1er album éponyme. Un précieux conseil à suivre avant que n’advienne l’Apocalypse, titre qui inaugure de façon magistrale (et avec amertume) cette nouvelle galette.

5 déc, Stockfish, Nice. Rens: stockfish.nice.fr

photo : Lofofora © Anthea Photography