04 Déc Dans la peau de Valberg
Les éditions Goutte d’or publient à nouveau un livre étonnant : Le loup de Valberg est le fruit d’une enquête de Pauline Briand sur ce louveteau orphelin surgi en 2019 dans les rues de Valberg, station connue du 06, qui a défrayé la chronique jusqu’à sa disparition. La singularité du livre est d’y mêler des éléments de fiction sans jamais dénaturer le propos scientifique. Un récit rigoureux et subtil au souffle romanesque.
C’est l’histoire vraie de ce loup de Valberg – dont l’animal héritera du nom – racontée par la journaliste naturaliste Pauline Briand, qui a repris la chronologie de l’animal : depuis son apparition en plein village en octobre 2019, secouru par les habitants, puis capturé par les autorités, soigné en toute discrétion, et relâché en douce sur décision de l’État, un collier GPS autour du cou, dans la forêt domaniale de la Drôme, jusqu’à sa disparition en 2020. Un travail d’une grande rigueur, appuyé par des témoignages de bergers, de louvetiers, de naturalistes, d’experts en animaux sauvages, de documents officiels, et par les réseaux sociaux.
On sait combien, depuis l’enfance, le loup tient une place dans l’imaginaire collectif. « Ici, le problème n’est pas tant l’animal que la réaction des humains à sa présence« , dit l’auteure. Son écriture alerte, rythmée par de courts chapitres, nous met dans la peau de Valberg, traité comme un individu à part entière, suivant ses sentiers, humant ses odeurs, croquant insectes et petites proies quand la chair bien rouge se fait rare.
Mi-documentaire, mi-fiction, ce récit réaliste nous saisit par son souffle romanesque. Car le destin de Valberg, né dans une nature a priori libre et sauvage, reste lié aux décisions irrationnelles des humains. Tout en se tenant à distance des débats exacerbés entre pro et anti loups, même si l’on devine son penchant, Pauline Briand révèle l’incapacité des hommes à traiter la complexe question du loup. Préserver l’espèce, mais la limiter, habiter nos forêts, mais ne pas nous approcher. L’animal n’appartient-il pas à notre « patrimoine culturel et écologique » note un photographe naturaliste ? Et de refermer ce livre avec le sentiment d’une réparation sur la connaissance de cet animal fascinant, objet de tous les fantasmes, symbole ultime de liberté.
Le loup de Valberg de Pauline Briand (éditions La Goutte d’or)