
28 Jan Big Mother is watching you
La fin des régimes totalitaires du XXe siècle n’a hélas pas entraîné la disparition de la propagande… À l’ère du numérique, elle est au contraire plus puissante que jamais ! C’est ce que s’attache à montrer Mélody Mouret dans sa nouvelle création, Big Mother, présentée sous forme de thriller journalistique.
Dans cette pièce, le bien connu Big Brother de 1984 a laissé place à une nouvelle version plus insidieuse : Big Mother. Alors que nous sommes soumis de force au premier, nous acceptons librement l’autorité de la seconde en livrant nos données personnelles à des entreprises qui s’en servent pour orienter nos choix et nos opinions, en échange de confort.
Dans cette création, alors qu’un scandale éclabousse le Président des États-Unis et agite la rédaction du New York Investigation, la journaliste Julia Robinson voit sa vie vaciller dans la salle d’audience d’un tribunal quand elle croit reconnaître sur le banc des accusés son compagnon mort 7 ans auparavant. Au fil de son enquête, elle se retrouve confrontée avec son équipe à un programme de manipulation de masse d’une ampleur inédite. Ils vont ensemble se retrouver à devoir mettre à jour le plus gros scandale depuis l’affaire du Watergate.
Impossible de ne pas retrouver dans ce Big Mother l’influence de nombreux films d’investigation, jusque dans une mise en scène très cinématographique : Mélody Mouret s’inspire entre autres des bien connus Spotlight et Les Hommes du Président, références dans le domaine. Même si l’intrigue est inventée de toutes pièces, elle se déroule à notre époque avec des acteurs qui nous rappellent parfois étrangement quelque chose – impossible de ne pas penser à la bien connue société Cambridge Analytica en découvrant cette agence de communication manipulant les données personnelles. Une création aux airs prophétiques qui évoque malheureusement bien trop de problématiques actuelles et l’absence de prise de conscience collective.
16 fév, Théâtre Palais Stéphanie, JW Marriott, Cannes. Rens: palaisdesfestivals.com
photo : Big mother © Alejandro-Guerrero