
28 Jan L’homme semeur d’art
À La Garde, la Maison départementale de la nature du Plan, dédiée à la préservation et à la valorisation de l’environnement, inaugure une nouvelle orientation artistique en accueillant sa première exposition : Surexposition de Fabrice Hyber, à découvrir jusqu’au 13 juillet 2025.
Inauguré en 2020, l’Espace nature départemental du Plan, classé zone naturelle d’intérêt faunistique et floristique, composé de 135 hectares de forêt, de prairies et de plans d’eau, a vu s’ériger sur son sol une construction contemporaine posée sur pilotis : bois issu de forêts gérées durablement, murs en chanvre, système de chauffage par géothermie, panneaux solaires, toiture végétalisée accompagnant les courbes de son architecture, cette Maison départementale de la Nature constitue un lieu d’information, de médiation et de création artistique qui accueille, pour son exposition inaugurale, des œuvres de Fabrice Hyber.
Des œuvres qui trouvent leur origine dans le projet de toute une vie, La Vallée, que l’artiste développe depuis maintenant trois décennies en semant, littéralement, une forêt au cœur de sa Vendée natale. « C’est mon terreau mental, ma source d’inspiration. C’est un endroit de moments forts pour moi, où je me souviens des balades et de mes expériences, enfant, déclarait-il dans le journal Le Monde, lorsqu’il dévoilait ce projet hors-norme, à l’occasion d’une exposition à la Fondation Cartier en 2022. Ce trou d’eau, pointait-il, n’existait pas quand j’étais petit. L’hiver, quand il y a beaucoup d’eau qui coule, je m’amusais à faire des petits sillons depuis le haut de la pente. Petit à petit, ça a donné ça. Dès que tu interviens dans la nature, elle va ensuite dans ton sens, tout en restant beaucoup plus forte que toi. »
Reconnu pour sa démarche artistique expérimentale et multidisciplinaire visant à traduire l’interaction entre l’œuvre, le spectateur et le monde, le travail de Fabrice Hyber ancre sa démarche dans une réflexion scientifique, environnementale et sociale, qui entre en résonnance avec le site naturel varois, comptant parmi les dernières zones humides côtières de Méditerranée : « J’ai vu ici, dès ma première visite, une base commune avec La Vallée : la fabrication d’un paysage au départ sans qualité, mais avec « du potentiel ». D’un paysage désolé nous avons peu à peu réussi à construire un paysage fait de connaissances, de créativités et de richesses« , explique-t-il. L’artiste vêtu de son éternel bleu de travail a imaginé faire « se surexposer les deux lieux« , par l’entremise de trois œuvres plastiques, dont une grande fresque, « un ruban de dessins de 75 mètres de long sous la forme d’une spirale, qui reprend la couleur des chemins ici – une toile beige – et qui raconte l’histoire de la Vallée. Mais il n’y a pas de murs. Comment accrocher ce ruban ? J’ai inventé un système avec des bambous mis dans des pots de fleurs à l’envers qui tiennent en lévitation ce ruban de dessins. »
Surexposition est également illustrée par deux films documentaires, La Vallée et Les Hommes de la Vallée, réalisés par Karim Hapette et Michaël Huard, qui ont suivi Fabrice Hyber en Vendée, trois années durant. On y comprend et découvre, en compagnie de l’artiste, comment est née cette forêt aux 100 000 arbres d’essences variées, peuplée d’animaux sauvages et d’oiseaux aux chants envoûtants, puis on partage les témoignages de complices de cet amoureux de la nature.
Jusqu’au 13 juil, Maison départementale de la nature du Plan, La Garde. Rens: var.fr
photo : Vue de l’exposition Surexposition, Fabrice Hyber © DR