Les fils invisibles des contes de printemps 

Les fils invisibles des contes de printemps 

Adressé aux petits comme aux plus grands, c’est sous le signe de l’imaginaire et du fantastique que se déroulera le 9e Printemps de la marionnette et des formes animées, présenté par Scène55 à Mougins, du 18 au 28 mars. 

Ce festival, coréalisé avec la Région Sud Provence Côte d’Azur, est très logiquement un temps fort de la saison de Scène55, conventionnée depuis quelques années art et création pluridisciplinaire, avec dominantes danse et… théâtre de marionnettes. À fils, à gaine, à tiges… la marionnette est un art à part entière et universel, un art qui n’est pas seulement réservé aux enfants comme certains le croient encore. Un art qui intègre, dans son processus créatif, de la mise en scène théâtrale, des musiques originales, une dramaturgie, des décors et de la manipulation. Bref, une conjonction de talents réunie au cœur d’un seul événement qui convie compagnies régionales et internationales.

Des spectacles variés donc, avec tout d’abord, Et puis, une proposition visuelle et musicale conçue par La Soupe Compagnie pour les enfants à partir de 3 ans. Il s’agit ici d’une adaptation marionnettique d’un album jeunesse du duo Iconori paru en 2018, avec son foisonnement de décors et de personnages. L’histoire nous transporte dans un univers merveilleux dans lequel les êtres humains et la nature entrent en symbiose ou se métamorphosent tout au long d’une fable qui « adresse à la petite enfance un message intelligent sur la préservation de l’environnement« , dixit René Corbier le directeur artistique, qui, désormais à la retraite et remplacé par Pierre Caussin à la tête de Scène55, programmait son dernier Printemps de la marionnette et des formes animées. Et quoi de mieux que la poésie et l’émerveillement pour traduire ce lien qui nous rattache aux montagnes, aux forêts et à leurs mystères, pour faire battre le cœur des tout petits…

Toujours en compagnie de nos marionnettes, mais cette fois imprimées en 3D, dans un théâtre d’ombre et en mapping vidéo, le metteur en scène Yiorgos Karakantzas propose Mythos (dès 8 ans), un récit fantasmagorique autour de son héroïne dans le souvenir de la mythologie grecque, de l’Iliade et de l’Odyssée. Monstres et divinités interprètent, par le truchement d’une esthétique particulièrement élaborée, tours et détours surprenants pour réenchanter le monde. Et voici donc le rappel d’un chant antique qui traverse la scène pour clamer haut et fort le courage et la persévérance, à travers une quête exaltante entre rêve et réalité. Déjà accueilli à Mougins lors de l’édition 2023, avec Rebetiko, Yiorgos Karakantzas poursuit son aventure sur la mémoire de ces troublants récits mythiques que lui racontait son père. Produit par la Cie Anima Théâtre, le spectacle s’attache à travers l’action héroïque à lire le présent en relation avec les temps disparus.

C’est davantage dans le réel et une certaine actualité que s’inscrit Marjan le dernier lion d’Afghanistan (dès 8 ans). Produit par la Cie HDH – Hasards d’Hasards, le spectacle mené par deux comédiens afghans raconte une légende qui s’inscrit pourtant dans la réalité d’un pays et des drames qui l’ont accablé. Marjan est le lion le plus célèbre d’Afghanistan. Il vit une douce existence avec Chucha, sa lionne, et en compagnie de son gardien soignant Sher Aghal, dans le plus beau zoo de la région. Mais en 1979 débute une longue période de guerres, de famines et de destructions avec les soviétiques, les conflits internes et les Talibans. Marjan, incarnation du courage et de la résilience défend les siens. Pourtant, ce conte chargé d’émotion est mené avec humour. Mise en scène par Mélanie Depuiset, sur un texte de Guilda Chahverdi, cette histoire se tisse sur notre lien de tendresse avec le règne animal qui peut se comprendre comme un antidote à la folie humaine.

Le monde de l’enfance est bercé par la présence animale. Et les poussins en représentent la forme idéale. Eux aussi ont leur vie propre.  C‘est ce que le Collectif Quatre ailes nous raconte avec Les 1000 secrets de poussins (dès 3 ans). Inspiré d’un album de Claude Ponti paru en 2005, cette adaptation théâtrale et multimédia s’adresse à des jeunes enfants en les invitant à associer mots, sons et images pour se fondre dans l’imaginaire, tel un passage initiatique au réel. Le spectacle est le fruit d’une collaboration entre des acteurs, des vidéastes et des artistes plasticiens visant, sous une forme ludique, à raconter les tribulations des poussins vivant d’extraordinaires aventures. Nul doute que les plus petits se retrouveront dans ces joyeux poussins. Et nul ne sait encore les secrets qu’ils leur délivreront !

Les plus grands ne seront pas oubliés, avec Dracula – Lucy’s dream, accessible dès 14 ans. La metteure en scène Yngvild Aspeli et la compagnie norvégienne Plexus polaire, réadaptent le mythe de Dracula en jouant sur toutes les gammes de la vie et de la mort, du vampire, du cauchemar et de la réalité… À partir du jeu de cinq comédiens-marionnettistes, la représentation est remarquable tant par la qualité esthétique de l’œuvre que par l’intensité des thèmes qu’elle aborde.

18 au 28 mars, Scène55, Mougins. Rens: scene55.fr

photo : Dracula – Lucy’s dream © Christophe Raynaud de Lage

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