À la recherche du manuscrit perdu

À la recherche du manuscrit perdu

Médaille d’or du CNR de Versailles, violoncelle solo de l’orchestre symphonique de l’Opéra de Toulon, Manu Cartigny, et Yves Borrini, comédien et fondateur de la compagnie Le bruit des hommes, se rencontrent un jour et se découvrent une passion commune pour Jean-Sébastien Bach. Naitra le récit-récital Mystère Bach, qu’ils présentent le 17 octobre à l’Espace Comedia à Toulon.

Quelques années plus tôt, les deux hommes avaient partagé la scène autour d’un projet de théâtre musical consacré à Corto Maltese. Enthousiastes, ils ont poursuivi leur collaboration avec cette pièce sur Bach. Pendant un an, ils se documentent, explorent les archives en ligne de la bibliothèque de Berlin où sont conservés les manuscrits liés au compositeur, et se rendent sur ses lieux de vie : Köthen, Weimar et Leipzig. « De nombreux allers-retours et échanges entre Yves Borrini, auteur du texte, et moi-même nous ont permis de choisir les mouvements des suites qui pouvaient le mieux illustrer ce discours« , explique Manuel Cartigny. Les répétitions se déroulèrent sous le regard bienveillant mais exigeant de Maryse Courbet, comédienne qui assura la mise en scène après une résidence à Châteauvallon. « Nous avons pu constater l’intérêt suscité par la pièce auprès du public« , confient-ils.

C’est d’autant plus remarquable que le manuscrit original des Suites pour violoncelle seul de Bach a disparu : les interprètes ne disposent que de copies. « Anna Magdalena Bach, si présente et si importante dans la vie du compositeur, avait réalisé des copies, car lui ne se préoccupait guère de faire imprimer ses œuvres« , rappelle Manuel Cartigny, qui s’interroge encore : « Qu’est devenu le manuscrit original ? Pourquoi Bach a-t-il écrit ces suites pour violoncelle et non pour viole de gambe, l’instrument à la mode à l’époque ? Que traversait-il, dans quel état d’esprit était-il, où vivait-il lors de cette composition ?« 

Un véritable polar musical, qui fera vibrer l’Espace Comedia, maison chère à André Neyton. La Strada salue l’enthousiasme et la générosité des créateurs : un violoncelliste totalement habité par la musique et un comédien profondément investi, tous deux humanistes et avides de partage.

17 oct, Espace Comedia, Toulon. Rens: espacecomedia.com

photo: Manuel Cartigny dans Mystère Bach © DR