Ce que nous laissons sur le trottoir

Ce que nous laissons sur le trottoir

Présentée à La Porte Etroite à Toulon, l’exposition de Nicolas Goletto, Les encombrants, conclut un triptyque varois initié à l’été 2024 à Hyères avec Causes Perdues et autres soleils, et poursuivi en juin 2025 avec Revue(s) et Corrigé(e)s à la galerie LM Studio.

Avec cette nouvelle exposition, Nicolas Goletto redonne mémoire aux invisibles en exposant meubles, vêtements et visages trouvés dans la rue. Son travail pose une question simple mais vertigineuse : à notre disparition, que laissera-t-on sur le trottoir ?

Des meubles, comme autant de Causes perdues – oubliées, cassées, rafistolées –, mais porteuses de l’histoire du vieux Paris, de ses faubourgs et de ses habitants disparus. L’artiste les restaure, sublimant leur rejet passé. Des vêtements estampillés La Belle Jardinière, premier magasin parisien de prêt-à-porter, symbole de la Belle Époque et des prémices de la consommation. Tachés, troués, ils retrouvent une forme de splendeur grâce à des travaux d’aiguille qui magnifient les stigmates de leur déchéance.

Ou encore des visages, des noms, illustres ou anonymes : les Heureux donateurs. Des vies éparpillées sur le trottoir, à travers photographies, documents administratifs, objets ordinaires. Ces traces, récoltées et archivées, permettent à ceux que l’on a jetés de continuer à exister, dans le regard de ceux qui prennent le temps de les observer.

À travers le cuir craquelé d’une chaise, des céramiques polies par la Méditerranée, les clichés d’un académicien ou une veste de travail surpiquée, l’artiste qui vit et travaille à Paris nous invite à méditer sur le temps qui passe et sur notre propre condition. Il révèle la poésie du quotidien, nous donnant les clés pour enfin la percevoir. Une manière de conjurer le destin et de célébrer nos existences, aussi modestes soient-elles.

Jusqu’au 18 oct, Galerie La Porte Étroite, Toulon. Rens: galerielaporteetroite.jimdofree.com

photo: vue de l’exposition © DR