Danser est toujours une fête

Danser est toujours une fête

Ode à la vieillesse et à la « poésie des corps », la dernière création de Mourad Merzouki, Beauséjour, est présentée début novembre octobre au Carré Sainte-Maxime, avant de revenir en janvier au Forum Estérel Côte d’Azur.

Arts martiaux ou disciplines du cirque, dès son plus jeune âge Mourad Merzouki a manifesté un besoin de se dépenser avant de rencontrer, à l’adolescence, la culture hip-hop. Depuis, il est devenu un chorégraphe multipliant les propositions pour lesquelles il n’hésite pas à jouer des contrastes, alliant la musique classique à la boxe (Boxe, boxe), rendant le numérique féérique (Pixel) ou propulsant les danseurs dans les airs lors d’une fulgurante confrontation avec le vent (Zéphir). Avec sa Cie Käfig, il fait rayonner une danse dans laquelle la performance physique est enrobée d’un nuage de poésie.

Mais le temps passe et, la cinquantaine étant là, le bouillonnant chorégraphe en vient à s’interroger sur les possibilités d’un corps qui n’a plus 20 ans. Sans nostalgie ni tristesse, mais plutôt avec la générosité qui le caractérise. Il a donc eu l’idée d’installer sur scène une sorte de guinguette baptisée Beauséjour, comme un clin d’œil au quartier de la région lyonnaise qui l’a vu grandir. C’est un lieu festif où l’on se rencontre et où l’on s’amuse. C’est aussi un lieu de souvenirs où se croisent plusieurs générations. 

Pour symboliser les effets du poids des annnées sur les danseurs, Mourad Merzouki a fait le choix d’opter pour de faux corps : sur scène, la moitié des 15 interprètes revêt des costumes qui leur donnent l’apparence de personnes âgées. Devant composer avec des ventres proéminents ou des dos voûtés, il fait naître une nouvelle gestuelle. Ces accessoires ne font qu’un avec ceux qui les portent, imposant de nouvelles contraintes dans l’écriture chorégraphique qui se veut avant tout crédible. Les corps vieillissants sont considérés avec beaucoup de tendresse : si leur aspect décalé fait parfois sourire, ils suscitent surtout de nouvelles émotions, portées par la musique de Müller & Makaroff (Gotan Project). Dans ce spectacle rempli d’optimisme, le mouvement hypnotise, faisant oublier les traces du temps.

8 nov, Carré Sainte-Maxime. Rens: carre-sainte-maxime.fr
16 jan, Forum Estérel Côte d’Azur, Fréjus. Rens: theatreleforum.fr

photo : Beauséjour © Julie Cherki & Christophe Bernard