Mandelieu monte le son

Mandelieu monte le son

À Mandelieu, la saison culturelle 2025-2026 — où la musique sera très présente — s’apprête à faire résonner les mots, bouger les corps et trembler les murs… Et ça débute le 17 octobre avec un Rose Movie. En voiture, Simone !

Un Rose Movie pour attaquer

Véritable odyssée intérieure, Rose Movie est le nom du projet en trois volets de la chanteuse Rose : un 6e album et un livre à paraître début octobre, puis une tournée avec un show hybride entre concert et seule-en-scène. Celui-ci entend prolonger la trajectoire déjà tracée par cette artiste plurielle (chanteuse, autrice, conférencière, podcasteuse) : celle de la poésie et de la transmission. Après un premier single, Les montagnes roses, publié en septembre, Rose a récemment dévoilé un nouveau titre, La (Nouvelle) Liste, sorte de suite à son emblématique tube La Liste, revisité à la lumière de son vécu, de ses errances et des épreuves qu’elle a surmontées, comme le cancer du sein qu’elle a combattu il y a quelques années. Ce retour sur ce qui fut en 2006 un manifeste personnel s’appuie aujourd’hui sur une écriture plus apaisée, plus mature. À Mandelieu, la chanteuse française mêlera anciens morceaux et créations nouvelles, dans une mise en scène narrative, immersive et forcément introspective.

Les guests de Musical Guests

Musique à nouveau – très présente cette saison – avec les rendez-vous lyriques programmés par l’association Musical Guests, créée en 2017, et qui propose cette année une traversée des genres et des époques en trois étapes. Le mois de novembre dégainera une Grande soirée italienne où résonneront des airs de Verdi et Puccini, ainsi que des chansons napolitaines et siciliennes, portés par la soprano Elisabetta Zizzo, lauréate de l’académie Puccini de Torre del Lago, et le ténor Rino Matafù, tout récent Grand Prix de la Voix 2025, accompagnés au piano par Patrick Nebbula, directeur de l’association. En février, le pianiste azuréen accompagnera la soprano franco-suisse Sarah Pagin dans un programme nommé Désirs, mêlant opéra, opérette, comédie musicale et chanson. Enfin, en mars, le journaliste à l’écharpe rouge Christophe Barbier retrouvera ses habits de comédien pour incarner « le petit Mozart des Champs-Élysées » dans Offenbach et les Trois Empereurs. Aux côtés de la soprano Pauline Courtin et du pianiste Vadim Sher, il rejouera ce moment d’histoire surprenant où le compositeur français, en 1867, se vit convoqué pour interpréter ses plus grands succès devant trois têtes couronnées.

Nos coups de cœur 

Entre concert et conférence, on retrouvera aussi cet automne la fantaisie érudite d’André Manoukian, seul au piano, qui livrera sa vision décalée de l’histoire de la musique : de Pythagore à Claude François, en passant par Sheila ou Robespierre (oui, oui !), un voyage savant et drôle où l’intelligence flirte avec l’absurde.

Dans un tout autre genre, Yom, clarinettiste et compositeur, est de ceux qui jettent des ponts entre la tradition de la musique klezmer, le sacré et l’expérimentation contemporaine. Adepte des collaborations surprenantes (écoutez son excellent album With Love avec les Wonder Rabbis, ou l’élégant Célébration en duo avec le pianiste Léo Jassef), il publie en octobre un nouvel opus avec Théo et Valentin Ceccaldi, frères violonistes classiques et agitateurs hors-piste : ici, les cordes dialoguent avec l’instrument du New King of the Klezmer Clarinet, titre de son 1er album paru en 2008, dans une atmosphère méditative que l’on a déjà pu apprécier l’été dernier au festival Jazz à Porquerolles.

Quand Yom est introspection, Les Tambours du Bronx sont explosion : de rythmes, de corps, de sons… Le groupe continue de fasciner par son mélange de percussions industrielles, de noise, de techno ou plus récemment de metal : l’album Weapons of Mass Percussion les voyait notamment collaborer avec le grand Reuno – pas celui qui ferait mieux d’arrêter la scène, non, mais bien le chanteur de Lofofora. Si le spectacle programmé à Mandelieu s’annonce plus « classique », on peut toutefois s’attendre à une furie organisée à l’énergie tribale.

Les autres pulsations de la saison

La saison de Mandelieu ne se cantonne pas à la musique, loin s’en faut. À l’image du festival Les Nuits de Robinson, le théâtre occupe une place importante : entre comédie contemporaine (C’est pas facile d’être heureux quand on va mal de Rudy Milstein, deux Molière à la clé en 2024), farce sociale (La Politique de l’Autruche de Marie Lagrée et David Brunier), et propositions jeune public comme Babïl, pièce de Sarah Carré mise en scène par Agnès Regolo, revisitant le mythe de la tour de Babel, ou Mr Mouche, le clown gauche et rêveur de la compagnie azuréenne Gorgomar.

Et côté danse, les Catalans de Brodas Bros, pionniers du hip-hop européen, assèneront une claque visuelle avec Around the World. Nourri de voyages aux États-Unis, au Japon et en Chine, leur show questionne la place de l’humain dans des métropoles saturées de technologie.

À Mandelieu-La Napoule, la saison culturelle 2025-2026 promet donc un voyage à la fois intérieur et tourné vers l’autre, apaisé et furieux, tendre et tonitruant.

Dès le 17 oct., Espace Léonard de Vinci & Royal Casino Joa, Mandelieu. Rens. : mandelieu.fr

photo: Rose © DR