08 Oct Panser et repenser l’enfance
L’association Acta Non Verba, ancrée dans la Roya, organise en octobre, dans les hauteurs de cette vallée transfrontalière, une réflexion et un cycle d’événements intitulé Panser et repenser l’enfance. Objectif : prévenir les violences faites aux enfants, des « violences ordinaires » aux maltraitances les plus graves, comme l’inceste.
Il est important de rappeler que lorsque l’on parle des violences faites aux femmes, beaucoup de médias oublient que des enfants en subissent également les terribles conséquences, soit directement, soit indirectement en assistant à ces drames. Cet événement montre que tout ne se passe pas sur la Côte, et que la Roya est – s’il est encore nécessaire de le prouver – une terre d’empathie, de réflexion et d’action.
Une démarche collective et éducative
Parce que l’omerta et l’inertie perdurent, il est primordial de créer des espaces sur chaque territoire pour reconnaître et soutenir les victimes. Il est également essentiel d’axer la lutte contre l’inceste sur le questionnement de nos rapports adultes-enfants, souvent basés sur la domination des adultes exercée sur les enfants, présente dans tous les domaines de leur existence et admise comme banale par notre société.
Chaque année en France, 160 000 enfants sont victimes de violences sexuelles, selon le rapport publié en 2023 par la CIIVISE – Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants, apparue en 2021 à la suite de l’émergence du mouvement #MeToo (ciivise.fr). La société dans son ensemble, de la cellule familiale aux institutions éducatives, sociales, juridiques, policières et politiques, reste trop souvent dans le déni et l’inaction.
Un cycle d’événements pour réfléchir et agir
Panser et repenser l’enfance est organisé par l’association Acta Non Verba pour aborder cette problématique. Il s’appuie sur un événement créé en 2024 autour de l’inceste, qui a reçu un accueil très favorable. Cette 1e édition a permis de libérer la parole à l’échelle locale, de réunir de nombreux acteurs et actrices de la vallée, et de renforcer les liens entre les structures de soin, d’éducation, de culture et la population.
Cette année, Acta non verba s’inspire du FIESTA, festival enfantiste (1) et anti-adultiste (2) organisé à Paris par le Collectif Enfantiste (fiesta-2025.org), et l’OVEO – Observatoire de la Violence Éducative Ordinaire (oveo.org), pour construire un nouveau cycle d’événements. La programmation s’étendra d’octobre 2025 à mai 2026 afin de permettre une réflexion progressive et une large participation.
Dans les villages de la Roya, l’association tentera de questionner et déconstruire collectivement la domination adulte, d’offrir aux enfants des moyens de se défendre et d’étendre la lutte contre les violences quotidiennes. Parler de ces sujets est déjà une manière de prévenir ces violences et de réfléchir collectivement pour ne pas reproduire l’oppression transmise depuis toujours.
En octobre, Panser et repenser l’enfance débutera avec trois écoutes collectives de podcasts (L’autodéfense des enfants et L’école de la violence disponibles sur Arte Radio, et l’épisode Infantisme de la série Les enfants peuvent-ils parler ? sur France Culture), simultanément à la librairie de Saorge et dans le local intergénérationnel Astera à La Brigue, les lundis 13, 20 et 27 octobre à 17h30.
Rens: actanonverba2024@proton.me – actanonverba.fr
(1) Enfantisme : terme anglophone utilisé pour parler des inégalités enfant-adulte. Sa définition est pourtant loin d’être claire. Certains l’emploient pour désigner les discriminations (comme le mot « sexisme »), tandis que d’autres lui attribuent un sens positif de défense des droits des enfants (comme dans « féminisme »).
(2) Absolutisme : En France, les plus jeunes subissent souvent des violences physiques, sexuelles et psychologiques par des adultes. Elles s’inscrivent dans un système d’oppression alimenté par la terreur culturelle et sociale de l’enfant roi. Dès 1903, le spécialiste américain de l’éducation Patterson DuBois parle d’adultisme pour désigner la « soif d’autorité » dont certains enseignants font preuve « en s’interposant indûment pour faire prévaloir leur point de vue d’adulte. »
photo: visuel association Acta Non Verba © DR