Retenir la course du temps : tout l’art du cinéma !

Retenir la course du temps : tout l’art du cinéma !

La programmation, toujours riche et variée, de l’Institut Audiovisuel de Monaco, présentée dans le cadre la 22e saison Tout l’Art du Cinéma, adopte désormais un nouveau rythme : elle sera déclinée en trois périodes au fil de l’année.

Les deux artisans de ces rendez-vous prisés des cinéphiles (et pas seulement), Jacques Kermabon et Vincent Vatrican, expliquent : « Notre programme change de formule, la transformation la plus visible étant son rythme saisonnier. Pourquoi ? Pour l’adapter à son objet, le cinéma, en perpétuelle évolution. Évolution ne signifie pas changement de doctrine : le champ reste inépuisable, et nous continuons à afficher nos coups de cœur, à explorer le cinéma avec la même exigence, et le sentiment précieux de retenir un peu la course effrénée du temps.« 

L’ouverture de prestige, le 3 octobre au Grimaldi Forum, a été marquée par la projection de Une journée particulière d’Ettore Scola. Et Le premier trimestre s’annonce tout aussi prometteur ! C’est au Théâtre des Variétés, antre des projections de l’Institut Audiovisuel de Monaco depuis de nombreuses années, que sera projeté, le 7 octobre, Les plages d’Agnès (2006), un autoportrait vibrant d’Agnès Varda. Ici, comme dans ses films les plus récents — Jane B. par Agnès V., Les Glaneurs et la Glaneuse, ou encore Cinevardaphoto —, un fil conducteur apparait : la cinéaste franco-belge se met en scène. Mais il ne s’agit pas seulement d’un reflet d’elle-même. À travers cette présence, c’est le geste même du cinéma qui se révèle : filmer devient autant sujet qu’objet, et le spectateur découvre le processus de création dans chaque plan.

La semaine suivante, la petite salle de l’Institut projettera un 3e épisode du documentaire, Le Cinéam au fil des saisons, en écho à l’exposition que le Cabinet de curiosités accueille jusqu’au 30 janvier 2026 : Cinéam, club des artisans cinéastes.

Puis, le 21 octobre, place à un chef-d’œuvre de la screwball comedy : La dame du vendredi d’Howard Hawks, précédé d’un court-métrage Monaco en films. « Si le style n’est pas ici le plus pur, le dialogue comprimé à l’extrême est en revanche un modèle de vitesse qui conduit le film par le bout du nez jusqu’aux confins de l’absurde. Il est toujours, pour Hawks, le meilleur moyen de nous faire prendre des vessies pour des lanternes« , écrivait Vincent Vatrican à propos de ce film, en 1993, dans un hors-série des Cahiers du cinéma. Ce 1er volet d’un cycle consacré à la comédie américaine sera présenté par Marc Cerisuelo, professeur en histoire et esthétique du cinéma.

Au rythme d’une projection par semaine, les cinéphiles pourront ensuite (re)découvrir, jusqu’à décembre, des films comme : Mémoires d’un escargot d’Adam Elliott (2024), présenté par Jean-Paul Commin, et suivi d’un entretien filmé avec le réalisateur ; La photo retrouvée de Pierre Primetens, en présence du cinéaste ; All We Imagine as Light de Payal Kapadia (2024), fresque intime et politique autour de trois femmes indiennes ; une conférence illustrée Des jazz au cinéma, proposée par Thierry Jousse, ancien rédacteur en chef des Cahiers du cinéma, en parallèle du Monte-Carlo Jazz Festival (voir article page 5) ; Lili Marleen de Rainer Werner Fassbinder (1980), avec Hanna Schygulla, dans le cadre du cycle Cinéma retrouvé ; et La Garçonnière de Billy Wilder (1960), comédie romantique et satirique magistrale, avec Jack Lemmon et Shirley MacLaine.

Les premières propositions de cette nouvelle saison confirment ainsi cette volonté de « retenir un peu la course effrénée du temps » affichée par l’établissement monégasque, avec une sélection de films large et stimulante, mêlant genres, époques et formes d’expression. Car, fidèles à leur conception du 7e Art, Jacques Kermabon et Vincent Vatrican estiment que « riche de mille nuances, le cinéma est avant tout le plus bel outil pour dire la nature humaine, ses colères et ses passions, pour donner à voir le monde, le sentir, le révéler. Il faut poursuivre la route, montrer ce que le cinéma a de meilleur et savoir se renouveler. »

Rens: institut-audiovisuel.mc

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